jeudi 19 juillet 2007

Un Juillet en Algarve, dans une autre vie


Et voilà. Encore des mots, des fragrances de l'esprit, des élans muets coincés entre espoir et crainte, tout celà parce qu'un visage unique m'a coupé le souffle en une apnée de bonheur, indéfiniment prolongée malgré d'un peu tristes soubresauts de relative idiotie...Loule City dans le calme d'un Dimanche des familles.
Une caneca - une pinte de bière, quoi - pour marteler la table en appuyant rythmiquement des lettres à noircir le papier que j'aime, celui des voyageurs.
Il paraît que j'aime une femme. Le ciel, le vent, les arbres et les oiseaux, intarissables, me racontent les vertus de cette unique lumière. J'écoute et j'acquiesce, mesurant le danger et la délicate action de plonger au fond du regard d'un être à qui l'on chuchote des mots chargés.
Le moindre geste a plus de valeur qu'un diamant brut à l'eau parfaite. Que faire d'autre dans ce monde, me dis-je ?
Est-ce si important de percevoir le salaire de ses peurs à convertir en joie éphémère, en plaisir, en sécurité aussi fragiles qu'un insecte de nuit?
L'amour de la caresse et de la peau qui frissonne... La musique et la douceur des mots... Et puis ?
Que reste-t-il quand sous le pont de nos bras tout passe ?
Nous, moribonds souriants qui dansent et jouent sûrs de leur présent incertain. On s'accroche à des esquifs émergeant de l'eau furieuse tellement ça urge de croire à quelques moments de bonheur.
J'ai trouvé un trésor mais vouloir m'en emparer c'est le perdre.
Que faire, me dis-je encore, sinon effacer toutes mes mémoires et rouvrir les yeux sur l'inconnu ?
Ce soir, dans ce village Algarvi de montagne le football règne en maître sur les écrans de tous les bars. N'ayant rien ingurgité aujourd'hui, je m'offre des travers de porc....Le délice du «Papagayo ». Gens sympas... Suis seul à cette table mais seulement en apparence puisque tu l'habites de ton silence si intense. Te rends-tu compte que tu rayonnes dans un invisible si puissant que j'entends ton coeur battre la mesure de ces vies multiples ? Le filet de ta voix tel un ru de montagne rafraîchit mon sang au milieu de tous ces convives heureux, en famille, portugais maniant la langue d'Alain Simon, ce poète génial et méconnu.
La solitude, par distraction rêveuse, me rapproche de la mort naturelle ou périlleuse sur les sentes de la jungle indochinoise lorsqu'à chaque pas une
balle peut siffler juste et percer ce crâne pour une seule et ultime fois.
Il y a tant d'amour laissé libre, abandonné au ciel par nous, hommes inattentifs à l'essentiel, à ce fruit parfait devenu invisible pour cause de paresse.
Il me semble que la fuite est aussi une des causes de cette douleur qui nous tient ancrés à l'absurde... Il n'y a nulle part où aller et cela ne sera jamais. Nous resterons, même dans nos mouvances, à l'endroit où l'on est. Finalement, c'est partout.




Aucun commentaire: