dimanche 30 mars 2008

le fil et la perle de sang

Le sabre file dans l'espace à défier la lumière
Les têtes tranchées ne sont pas encore tombées
Qu'une perle de sang accepte un éclat de soleil
Dans le vide s'abreuvent les déités du nectar des coeurs vaillants
Tandis qu'un rayon d'amour impossible à cerner
Caresse le tranchant de cette arme-esprit invisible aux cieux vulgaires
On ne peut rien attraper par les voies usuelles
La vitesse dépasse la pensée
Mais le geste simple et doux, la tendresse dans ton regard
Font sourire les étoiles de l'aube jusqu'à la nuit
Et c'est toujours maintenant


mardi 25 mars 2008

Le bordel, certes, mais mesquin

En restant simplement assis, l'esprit attentif à tous les phénomènes, pas mal d'agitation se présente aux portes de nos consciences. D'où certains doutes sur la réalité de ce cirque non pas frisant mais avalant le ridicule selon, puisqu'il faut bien relativiser les choses, un minimum d'humanité, de bon sens, de bonté si possible voire même d'intelligence, ce mot qui sonne parfois creux tellement on se demande ce qu'il signifie. Tu sais bien, on a souvent besoin d'exemples lorsqu'il s'agit de comprendre. Là, tu te retrouves tout seul avec ces doutes sur les raisons du comportement totalement irrationnel des humains de ce temps, en tout cas tel qu'il nous est véhiculé par le monde médiatique. Il faut bien jauger - et je n'ai pas rajouté par inadvertance de a entre le j et le u, c'est volontaire - en fonction de nos cultures, de nos éducations, de nos sensibilités construites à l'aune de nos traditions ancestrales et de notre héritage génétique. Ça devient dur. Tout le monde dit tout et le contraire de tout. Les politiciens connaissent cette propension sous le terme : « langue de bois ».
Quelque part on s'en fout, camarade, on en a tellement vu et entendu que nous savons à quoi nous en tenir sur la marche des choses.
Nous sommes en 2008, année adoptée par toute une planète comme mesure de temps et je fais bien sûr référence à l'actualité mondiale, nationale, jusqu'à celle du village où tu résides, dans ce magnifique Lubéron, incognito, pour t'adonner sans être dérangé à l'épanouissement de ton art musical. Bien entendu je ne m'abaisserais pas à mentionner toutes les folies - selon ma jauge encore une fois - qui me font t'écrire ces babioles mentales. C'est juste pour entretenir le contact et m'assurer, si c'était possible, que je ne suis pas complètement timbré.
Moi-même, tu le sais, je vis comme un ours qui grogne dès qu'on frappe à la porte. Pour être bienvenu il faut apporter la ration de miel.
La philosophie Kantienne nous laisse un espoir face à tous ces doutes. La notion de «noumène» qui suppose une réalité à laquelle nous n'avons pas accès, une sorte d'absolu qui serait à l'origine de tout phénomène.
Au moins, il nous est permis de voir toutes ces guerres, ces violences aberrantes, ces cris de fureur et de douleur comme un simple spectacle effrayant et pas du tout drôle parfois dont on ne pige pas la mise en scène.
Apparemment, nous vivons dans un monde de victimes et de bourreaux. Ça ne change guère de ce que l'on a appris dans nos livres d'histoire, en somnolant plus ou moins sur les bancs de l'école laïque et obligatoire...
Tout ça manque d'humour et ça peut se comprendre : qui aurait la force de faire de l'humour en enfer ?
Quelques vieux grecs du 6º siècle avant cette ère l'ont pourtant essayé, alors qu'ils se trouvaient dans des situations plus que brûlantes. Mais c'était il y a longtemps et ces gars solides s'appelaient péripatéticiens, philosophes quoi.
Que leur nom ait été Zénon d'Élée ou Anaximandre, voire Diogène qui ne se laissait pas émouvoir par l'infortune même en tant que marchandise dans une vente aux esclaves loin de chez lui.
On en rit aujourd'hui...
Bref, le bordel nous cerne....les cons aussi peut-être, comme l'aurait dit le camarade Coluche disparu sur une route de Provence en s'envolant sur un nuage, laissant là moto et corps meurtri.
Malheureusement ce bordel résonne mesquin, petit, sans respiration. Seulement des hoquets, des geignements, des petits grognement de rage, des sussurements de désir, des râles et une quantité d'autres borborygmes par dessus une masse de douleur évidente.
Je resterai donc idiot à contempler ces tristesses, en priant l'invisible que la pièce s'achève au plus vite et que tout le monde s'en réjouisse avec la force vivante et belle de la joie de vivre.



dimanche 23 mars 2008

Le coeur du sujet et sa suite

Et voilà : une tasse de thé agrémentée de quelques gouttes de Bushmills tandis que nos amis braillards commentent le match qui s'affiche sur grand écran chez «Michael Collins »...
Peine, douleur, opprobre, ostracisme, erreurs, faiblesses, lâchetés, enfers très personnels ne sont que quelques amuse-gueules qui ont parsemé cette mienne existence. Leur accorder trop de crédit n'est pas raisonnable.
Lorsque le calme retombe sur le lieu des combats, on se soigne si c'est possible, on se fait recoudre, on prend le temps de se regarder : le repos du guerrier, quoi.
Et là, tirer de la vie son suc unique même sous la forme d' un alcool fort, parfois, est une priorité. Laissons les bien commodes désespérances à ceux qui en sont friands en savourant ces moments de grâce pour nous-mêmes et peut-être, ô intelligence profonde, pour ceux qui nous ressemblent.
Le champ s'élargit par la magie de la pensée et ce ridicule petit être que l'on rencontre devant un miroir de temps à autre se fond dans cette explosion lente de vies et d'étoiles.
Un petit sourire le matin à cette gueule un peu large, juste pour l'estime, ce n'est pas du tout pour jouer les Narcisse mais seulement pour reconnaître l'un d'entre nous tâchant de garder la tête hors de l'eau pour un moment. Un sourire en coin, humour que diable !
Et un reste de chaleur dans la poitrine qui jaillit par miracle lorsqu'un autre regard est croisé, juste pour un peu de bon thé, de bonté avec ou sans irish whisky : l'exquise gratuité de l'instant et voir un autre visage sourire pour enrichir ne serait-ce qu'un tout petit peu une journée vécue par quelqu'un d'autre...
Sympa quand même, léger, une pierre d'espace ajoutée à l'infini édifice qui ne sera jamais revendiqué par personne.

mercredi 19 mars 2008

Le coeur du sujet

L'apanage de la souffrance, de la douleur sous toutes ses formes, des plus violentes aux plus subtiles - pas forcément moins intenses - n'appartient à personne.....Et appartient à tout le monde en même temps.
Un guerrier des plus nobles l'a enseigné il y a de nombreux lustres sous plusieurs aspects. Il fallait bien que ce soit un guerrier, quelqu'un n'ayant pas froid au coeur.
Il fallait donc davantage que le sang glacé d'un serpent à sonnettes pour s'imposer une discipline aussi âpre que généreuse afin de démêler le vrai du faux et offrir la quintessence du fruit en un banquet universel où tout être vivant est convié.
La folie est naturelle pour l'être humain. Son cerveau regorge de circuits complexes qu'il a bien du mal à gérer. Il se complaît facilement dans une attitude de fonctionnaire de l'existence, surpris souvent par des exigences émotionnelles auxquelles il appose des formules mentales bien commodes pour contenter les psychiatres et les philosophes de l'absurde. Sans compter des actes barbares ou délicats en accompagnement n'ayant pas plus de sens qu'une rotation dans l'infini de l'espace...
Que faire alors dans ce magma de différences, de nuances et de violentes couleurs ?
La réponse est là, bien présente et intime, sans miroir aux alouettes.
Avec cela un peu de bon thé ne fait de mal à personne.
Plus quelques douceurs pour améliorer l'ordinaire.
Et mes aigreurs d'estomac pour confirmer le tout.



lundi 17 mars 2008

Apparitions

Décemment allongé sur mon lit, rêvassant sans me prendre au jeu
Il apparaît que ce corps doté de consciences trempe dans l'espace absolument seul
Alors qu'un certain silence me susurre qu'il n'en est rien
Mes pensées - ou celles d'un autre, finalement qu'importe - s'amusent en tous sens
Et quelque chose essaye de distinguer l'immédiate et simple réalité de ce qui est
Je m'imagine sous de nombreuses formes aux couleurs variées
Il est vrai que cela repose car c'est un acte de pure gratuité, un lien créé par la magie de l'intuition, de la confiance spontanée issue, crois-je, de l'intelligence telle que l'humain peut parfois la vivre : une vue directe des choses.
Allons, basta des explications compliquées à propos de ma tranquillité nuancée d'un certain vertige : le monde est vaste, profond et il paraît que tout a été dit ? Mais non, bien sûr. Certaines choses se répètent à la manière des mouvements d'une danse rythmique mais ce n'est jamais la même chose. Et puis pourra-t-on un jour avoir tout dit ? Cela signifierait la fin ! .....Les mots dansent comme les corps ou les rêves , tous contenus dans l'esprit. L'esprit n'est pas une notion et c'est bien la seule chose dont il soit impossible de parler sans dire à chaque fois une syllabe de trop ou de pas assez ou de pas assez clair. Des indices peut-être, des clés, des allusions qui nous titillent suffisamment pour nous permettre d'exercer ce regard pénétrant en restant assis ou même couché ( une de mes positions corporelles préférées ).
Ce regard qui ne peut être associé à rien d'autre qu'à la nature humaine totalement nue, dépouillée de toute forme d'artifice mental ou autre.
Allons, je vois bien que je m'égare une fois de plus dans ces ratiocinations et ça va devenir ennuyeux. Résumons alors :

Je trempe dans l'espace silencieux avec mes rêves en guise de jouets
Sachant par foi pure que le voyage est immense et ne cesse jamais
Je guette les apparitions de mon amour secret
Et ris de le sentir à mes côtés lorsque je chante en murmurant
Rien n'est jamais perdu hors la croyance stupide en cette fiction d'un moi tout seul
Inventée de toute pièce.
J'ai compris que les ermites se cachent pour une simple raison : ne pas être dérangés par de légers importuns, des fâcheux ou des fâcheuses qui nuiraient à l'élaboration de cet éternel banquet où tout ce qui vit est perpétuellement convié.





lundi 10 mars 2008

La goutte d'océan


Tirée de la surface d'une mer chaude
Une goutte est-elle différente de l'immensité de son origine ?
Bien sûr unique elle s'évapore aussitôt pour rejoindre les nuages et le cycle continue...
Moi, corps et âme et consciences je me promène en rasant les murs de cette ville aujourd'hui embuée de grisaille, dans ce décor respirant parfois l'ennui, en quête d'une île tropicale perdue dans un océan. Soudain, apparaissant par magie, un pub irlandais débouche du coin de la rue. Moi ou lui peu importe c'est bien entendu l'évidence du débouchage qui nous rend proches, le pub et moi...Vous avez compris.
Un peu de fumée à l'intérieur, des gorges chaudes à l'accent des îles du peuple Angle, quelques litres de Guinness qui passent d'une barrique en dur à d'autres barriques plus souples et je m'assied en contemplant du coin de l'oeil une jeune beauté blond-châtain qui circule entre les tables un plat ou un verre à la main.
Un grand écran diffuse, comme par hasard, le match de rugby Italie-France, comptant pour le tournoi annuel des six nations.
L'oeil au charme céleste de la serveuse se pose sur ma ventripotence puis scotche son regard au mien, la question au bord de ses lèvres. Je les aurais bien touchées des miennes si l'usage nous avait permis ces impulsions barbares.
Je me contentai donc de lui commander un Paddy's irlandais du meilleur crû accompagné d'un panini bacon et Brie.
Comme celà repose la vue de regarder virevolter une fille au minois harmonieux et aux formes grâcieuses !
Le match commençait bien et en force avec deux fois quinze taureaux maculés de boue se rentrant dans le chou sans aucune vergogne.
La première gorgée de nectar irlandais réchauffa mon oesophage comme une caresse. Comment ne pas se remémorer alors l'océan immense dont nous étions tous tirés. Les vapeurs chatouillantes du whisky parcouraient rapidement mes veines et dilataient déjà les vaisseaux fantômes de ma cervelle.
L'idée curieuse qui me sauta alors à l'esprit fut que l'empathie est naturelle pour les êtres vivants. Cela n'a rien de sentimental. Encore que...Le sentiment fait sûrement partie de ladite. Mais tous issus d'un soi-disant «big-bang», nous sommes une famille très serrée, très unie.
Bien sûr, crois-je, il y a plus vaste que cette vision des choses même si elle n'est déjà pas mal pour vivre ensemble sans se taper dessus les uns les autres autrement qu'à la manière virile et sympathique de ces joueurs puissants comme des buffles.
Voilà. Une ville grise, un pub vivant, une boisson spirituelle, une jolie serveuse et le gars moi-même pour un cocktail de bon augure...


lundi 3 mars 2008

Les griffures de la concupiscence par exemple

Galamment je m'incline sur cette main encore douce aux ongles parfaits
Les effleure d'un soupçon de baiser à l'ancienne
Comédien dans l'âme, le désir bien ancré dans le ventre
Et ce côté cabotin qui ne me quittera jamais
Heureusement poussé par une once de lucidité
Je me vois en ce cirque ridicule et généreux
Scellant les paradoxes comme le fonctionnaire ses dossiers
Mû par l'essence de mes sens, désirs à assouvir absolument quoiqu'il en coûte
Sans voir au même instant les fondations de ma prison qui se construisent
Allègrement.
Au diable l'avarice, je reste tel qu'en lui-même
Ce diablotin comique et pas trop dévastateur
Jouant des révérences en ne pensant qu'à lui
Reste le point brillant bien caché qu'il faudra bien un jour
déposer sur les bords d'un regard absolu.



La misère

Face à l'échec, au doute, à la méprise, à l'erreur
J'offre le présent de mon insatiable rêve
La beauté jamais perdue qui se joue de la torpeur
Des réalités banales à pleurer de nos vies sans trêves

Edith l'a chanté et l'a souffert
À mon tour d'ajouter ce peu de lumière
Issu de l'essence de ma misère
De l'insignifiance d'un moi qui s'est perdu dans l'univers

Derrière les barreaux de ma prison construite on ne sait comment
Je regarde mes évasions furtives et encore peureuses
À quand le grand amour qui jamais ne ment

Faut-il assister à toutes ses déchirures le sourire aux lèvres
Et même le chaud au coeur malgré des pensées frileuses
Ou simplement voler sur le béton de cette prison trop mièvre


Comment faire sans les ailes de la solitude
Sans l'espace de la liberté
Sans l'ivresse de donner
Et celle de recevoir aussi pour bien la combler ? La douleur m'a offert la beauté
La joie m'a donné des ailes
L'erreur les a brûlées
Pas de regrets éternels, ni fleurs ni couronnes
L'humour reste, léger
L'amour survole, amusé
Pas de tristesse pour les réprouvés, les bannis
Les esseulés de la tendre enfance
Il y a toujours une source quelque part
Où tremper ses lèvres, mouiller ses mains
Et continuer à aimer.
C'est naïf, peut-être niais mais indestructible.


samedi 1 mars 2008

Coeur en miettes

Elle mourut le regard perdu baigné d'un amour impossible à dire
Pas assez de souffle, ses derniers instants
Et mon coeur se brisa, sanguinolent
Je sais bien que ce n'est qu'un rêve, une scène de l'existence humaine
Elle est pourtant là, mêlée aux cognements rapides de cet organe qui me laisse vivre encore un peu
Des larmes d'adolescent
sorties du fond de ma poitrine mouillent mes joues chaudes et leur paille teintée de rouille,
Donner tout, mes forces vives, ma présence attentive sans cesse, mon invisibilité, mon inexistence,
Le sang de mon sang
Pour la voir sourire et mourir à son regard, m'y mêler à jamais
Oublier l'illusion d'une sordide séparation
D'un moi tout seul transpercé de tristesse
Dans un monde où la beauté, où toutes les merveilles se rapportent à elle,
Son visage, sa vie, chaque contour de ses lèvres, ses paupières telles les voiles de paradis célestes insoupçonnés, ses cils magiques, sa voix qui me tue et me fait renaître
Balloté dans cet océan furieux où l'écume des vagues est le nectar de la félicité
J'erre dans cette vie sans but, sans aucune cible
Je suis là dans cette infinie misère sans espoir
Avec seulement cet amour total pour elle à chaque picoseconde
À attendre la mort sans même y penser
Peut-être est-ce une vie vécue en vain
Dans le vide de sa présence, de son absence et de ma douleur solitaire
Cette douleur se mêlant au silence du ciel.