dimanche 30 septembre 2007

Ajustage

Je suis un concours de circonstances, apparues ici, disparaissant par là
sans cesse en mouvance, si bien que celui qui écrit est déjà différent de celui qui parle.
Comme disait le vieux grec, on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière. Ce à quoi un collègue lui rétorquait qu'on ne se baigne même pas une fois dans le même cours d'eau.
Au sein d'une telle confusion, comment s'y retrouver ? La réponse est facile : rester naturel sans ajouter rien à quoi que ce soit, laissant les pensées naître et se dissoudre. Enfin, se baigner et profiter de la fraîcheur de l'onde avec, pourquoi pas, un verre de martini dry plus zeste de citron dans une main et la rondeur de hanche d'une naïade dans l'autre.

lundi 24 septembre 2007

Le pic du corbeau

La carcasse dont tu profites se noie dans la cendre
Même en altitude les oiseaux de proie gémissent sans comprendre
Lambeaux arrachés de ta conscience ivre
C'est maintenant, la solitude qui délivre

La douleur comme compagne et la folie pour guide
Seul le grand mât tient sur le pont du vaisseau
Ça transperce la brume, hurle aux vents et ricane comme un damoiseau
Où est passé ce beau silence dont la soie couvrait ton cou livide?

La tristesse qui pend comme ces cheveux bouclés
La soif impatiente, nerveuse, égoïste
Et ce coup familier dans le coeur qui persiste

Alors tu inspires ces océans saccagés
Jusqu'au cri du corbeau dans son hiver noir
Et tu vomis ta lumière, méprisant tout espoir



dimanche 23 septembre 2007

Nuits troubles

Au jardin calme apparurent les foules, mi-grotesques, à peu près pitoyables
Comme ce spectacle quotidien au sein de mes affres
Les beautés brûlées, les parfums évanouis otages de la vanité des sables
Dans ce désert ni pureté, ni jeunesse, ni vieillesse ... Le monde bâfre

Ogres qui roucoulent, amers désenchantés
Hères sans feu, visages sans vie, comme la douleur qui nous ment
Personne n'ose goûter le sel de l'enfer, l'épice de la liberté
Même les enfants fatigués, déjà, déclinent la grammaire des déments

Ce n'est pas faute d'essayer, de mettre son coeur à nu
Mais le vaste crassier a bouché les veines vives de nos corps secrets
Qui distingue encore au fond de la mine le sourire discret ?

L'humour, la bonté légère, la tendresse crue ?
Les familles ébahies, dispersées dans l'oubli
Se gorgent des opiums que leurs peurs ont fournis.



lundi 17 septembre 2007

Payer pour donner, gratuité des tranquilles et des marrants


« La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! » faisait dire Jean-Baptiste à l'un des personnages de sa pièce. Ouais. Le problème c'est que cela s'applique, en toute vraisemblance, à la race bipède en général, c'est à dire nous.
Notre manière d'appréhender l'existence, cette soif, ces peurs, cette absence d'une capacité de librement donner - sauf exceptions qui confirment la règle, comme d'habitude - voilà les maladies mentales régnant en maîtresses sur nos courtes existences. À force de vouloir absolument tester tous les régimes ( ça, c'est à prendre aux premier, deuxième et troisième degrés comme tu t'en doutes ), on oublie de mordre dans la vie et de se repaître de la générosité que la nature toute entière nous offre sur un plateau. Comment veux-tu donner quoi que ce soit d'ailleurs, si tu n'es qu'un sinistre ascète morfondu dans ses macérations. Comme l'a dit l'amérindien Black Elk ( ceci fut rapporté par l'excellent Jim Harrison dans son magnifique récit « Aventures d'un gourmand vagabond » ) :
« Le pouvoir de l'univers oeuvre toujours en cercles, si bien que tout le monde
essaye d'être rond. »
Voilà. Au moins la rondeur évite-t-elle les blessures causées par nos attitudes parfois bien anguleuses.
Tout est dans la soif.
Et la faim par voie de conséquence.
Ce n'est qu'une question de technique alliée à un état d'esprit bien précis.
Comme à notre première respiration d'ex-noyé dans les chaleurs humides du ventre maternel, il a d'abord fallu prendre. Avaler goulûment. Bon.
C'est seulement par la suite que les choses se gâtent. Modes, drôles d'éducations religieuses, transmissions génétiques frelatées et autres nombreux facteurs
sociaux font de nous des espèces de robots sans âme et surtout sans la moindre capacité de prendre une décision digne de ce nom.
Je ne parle pas bien sûr du fait de choisir le métier de menuisiser ou de décider de parier sur tel cheval au prochain tiercé. Il s'agit de décisions à la fois plus légères et plus mûres. Ce qui paraît totalement contradictoire, j'en conviens.
C'est une question d'approche.
Une approche de cet art de vivre sa vie qui nous fait souvent défaut, chacun à notre manière, bien sûr : nous sommes tous des cas uniques.
Par exemple, lors d'une fête familiale, découvrir, grâce à une présence pleine et entière, que la tête de veau sauce gribiche est un véritable délice pour notre palais, surtout si elle est accompagnée d'un délicat Sancerre. Cela n'a rien d'extraordinaire mais implique suffisamment de participation à l'état d'être vivant pour être noté. C'est la base même de l'approche de ou des décicions que nous pourrions prendre dans notre vie : quelque chose de parfaitement conscient, par goût, par aspiration de coeur... Avec une claire volonté dans tous les cas. Même si rien n'est formulé dans nos méandres mentaux. C'est en nous. C'est ça et rien d'autre, simplement.
Voilà déjà un bon début pour arpenter les trottoirs de nos vies en sachant plus ou moins reconnaître notre chemin et le cap que l'on suit.
À partir de cette attitude, tout est possible même l'inénarrable. C'est ce dont je suis heureux d'être convaincu pour moi-même.
Pas de projections dans le futur, ni futiles, ni ambitieuses puisque le cours de nos vies trace sa route comme le fleuve qui va se jeter, plein d'ardeur, dans l'océan.

Les paramètres de la foi

Ô tempora, ô mores !
Que voulez-vous y faire ? On s'adapte, du moins on essaye. Ce qui me chagrine dans tout cela c'est l'extraordinaire confusion des bipèdes affublés de capacités mentales. Tous les ennuis viennent de là. Ne crois pas que je veuille me soustraire à ce dernier ensemble de ballerines intellectuelles - ou se croyant telles : c'est en quelque sorte ma grande famille. Ha !
Résumons : attitudes de mammifères enrobées d'émotions complètement sauvages, analyses de cerveaux plus ou moins formés pour ne pas s'ouvrir à davantage de sang régénérateur, avec comme résultat des confusions ou des certitudes ( ce qui est pire ). C'est le lot de toutes les civilisations gagnées par la décrépitude, surtout celle-ci qui s'efforce magistralement de faire croire le contraire, grâce à l'aveuglement, à la soif inextinguible de divertissement et autres consommations proposées par le siècle ( panem et circenses, ce n'est pas nouveau ), grâce à la « science » qui lâche quelques infos fascinantes et convertit son savoir en os à ronger et autres amusements , en nouveaux jouets pour cannibales de la vie quotidienne. Inutile de donner les détails que chacun connaît par coeur.
La médecine évolue et la maladie - disons les malades, dans ce sens - aussi, merci.
Il reste, comme d'habitude, la foi - mot dangereux - qui nous propulse instantanément dans des domaines de certitudes inavouées, pas toujours très claires de la même façon pour tout le monde, dans les célestes palais de ce que l'on a toujours appelé : religion.
Et quand on voit ce qu'elles ont offert au monde depuis toujours, je ne suis pas très convaincu. Ou alors les deux à la fois.
Et le sang coule, la douleur mise en exergue offre tous les tremplins menant à la folie. L'égoïsme - jamais mort celui-là - draguant les consciences avec ce toupet qu'on lui connait.
Comme par un sulfureux hasard, les armes à déchiqueter les chairs des bipèdes accroissent leur pouvoir de tuer, en qualité et en quantité. Pas de commentaires sur ce dernier point, tout le monde est face à l'évidence.
« Il est grand le mystère de la foi » chantaient les petits enfants...Tout ce que j'ai envie de dire, c'est que ce mystère est dangereux pour tout le monde dès que l'intelligence, ce terme reconnaissable entre tous, notre seule arme valable, est mise de côté. Par mégarde sans doute.
En bref, ne t'étonne pas de mon goût pour les îles tropicales et les lagons solitaires. Là au moins, l'océan repose la vue même si l'on est con et la beauté des nuages nous raccommode avec le ciel sans tâche, merveilleux de tonalités azures.
Là, peut-être, peut-on prier avec foi en sachant parfaitement ce que cela signifie.
Et même boire un coup entre copains, de temps à autre, histoire de ne pas sombrer soi-même - encore une fois - dans le camp des donneurs de leçon remplis de certitude. Donner, c'est bon. Donner du vrai bonheur c'est délicieux.
Là c'est du grand art et j'ai encore tout à apprendre...Actuellement je pense au Vanuatu mais j'ai toujours ce penchant pour les maoris...


lundi 10 septembre 2007

L'abattage des cartes



Imagine un lundi pluvieux, ambiance lourdingue dans les rues et sur les visages avec en prime ta propre déprime. Tu auras le tableau flamand rempli de voiles gris qui dépeint la tristesse de ton sentiment d'absurde et d'inutile. De ta propre insuffisance, de tes ratages s'amenant en masse pour grincer dans ton mental déjà grippé, rouillé, maculé de cambouis. Les cartes sont tombées. Sur la table de ce qui te reste d'honnêteté, disons de lucidité. Et quelque part, tu t'en fous quand même, parce que tu as fait ce que tu as pu. Humilité ou fier orgueil n'ont même plus de sens, on est trop nombreux sur cette planète à souffrir, à jouir ou à n'importe quoi. Tu vois tes proches comme dans un rêve et le seul esquif auquel tu t'accroches, par réflexe ou par éducation, c'est le quotidien de tes actes, de tes petites obligations. Parfois tu bois, tu fumes, tu t'abrutis rien que pour essayer d'atteindre un hypothétique silence de bien être. Illusion et tu le sais parfaitement. C'est maintenant, face à la durée, alors que ton coeur profond essuie une attaque d'artillerie permanente autant que vicelarde, que tu ne mesures plus rien en attendant ta propre disparition. Pas de désespoir, pas trop d'espoir non plus d'ailleurs, mis à part des petits trucs au ras des pâquerettes, et toujours cette sensibilité innée à la beauté, à la bonté , à l'amour qui apparaîssent parfois, rarement, dans un regard.
Et puis ton rire, cette capacité à dénicher n'importe où le comique d'une situation ou d'un con, ou d'une conne, parce que ça existe dans ton monde même s'il est frelaté.
Comme tu vois il te reste encore de l'orgueil, du mépris et tu n'es pas tout à fait mort.

lundi 3 septembre 2007

Ce même moment

En cet instant même, je mesure le dérisoire espoir, la dérisoire crainte d'un quelconque lendemain. Le temps en tant que tel n'a aucun sens si la vaste respiration du ciel n'habite pas consciemment le coeur de chaque être vivant. Je m'explique : l'ouverture permanente du coeur et donc de nos fonctions mentales sont nos seuls authentiques alliés au fond des méandres de nos multiples consciences sans cesse martelées par les limitations grossières de nos égotistes points de vue. Le mot vue employé faute de mieux pour qualifier les vieilles taupes que nous sommes.... sans offense...