lundi 28 janvier 2008

Le sonnet du 28


Quelles sont ces lucioles surgies de la nuit ?..
Deux nouveaux points d'or pour fixer le temps qui s'enfuit ?
Non, mes amis, c'est le regard d'Amazone galopant sur les nuages
Parmi les éclairs, la foudre et la pluie brillante lissant son délicieux visage

Des naseaux de la monture souffle le vent du sud
Accouru du Nefoud plein de sables et de folies
Elle chevauche en guerrière, autant noble que prude
Tenant les rênes d'un doigt sûr et d'un coeur qui frémit

Pour nous, passants du dérisoire
Il est bon, parfois, de voir
La beauté en furie

D'entendre les cris de la félicité
Lorsque la cravache déchire nos voiles de damnés
Et qu'Amazone, un instant, nous sourit.

samedi 19 janvier 2008

mordre au travers


Machette, coupe-coupe, tringle du regard, pas d'états d'âme sur cette voie dangereuse où le chemin se trace à la force des tripes et à l'aisance du rasoir, sans dommages collatéraux. L'urgence enfouie sous les couches de conscience transpire par bribes. Confusions des attaques nombreuses, rire sardonique issu de nulle part, dépôt de bilan, abrutissement: tout égare.
Sur les bords de la Boutonne aux eaux glacées de Janvier, sinueuse entre ces verdures charentaises toutes de charme vêtues, il respire par saccades, mendiant du regard un appui voire une ombre. Seule aide, cette faim qui le tenaille, ce désir d'un repas noble et bien arrosé face aux chais du port de Saint-Jean. Plus rien n'est compréhensible, entre les naissances et les morts accumulées, la morale, la vie sociale, les buts absurdes ou les cibles mouvantes de son esprit dissolu.....
Seuls le souffle, la crampe de l'estomac, le rêve d'un ultime repas au son glorieux des verres qui trinquent le maintiennent en vie.
Bon, après tout n'est-il pas préférable de s'asseoir afin d'examiner la situation....
Tandis qu'un rire silencieux le secoue, dernière résurgence d'un système nerveux en état de marche, il voit s'approcher ce vieil homme à la casquette fanée et à la braguette pendante....Qui s'arrête, le regard candide, et d'un geste prononce l'invitation à se lever pour rejoindre cette table dressée comme par magie sous ce chêne un peu plus loin. Mais oui, bien sûr, allons-y cher vieux bonhomme.
Là, merveille: flacons aux nuances rouge sombre, plats débordants de venaisons, poissons décorés de leur herbes parfumées, olives vertes et noires, huiles, sauces, petits pains chauds, salades aux accents colorés, beurre ambré au sel des Charentes heureuses et mille plaisirs encore...
Il se dit, pour finir, que la vie est belle. Mieux vaut la prendre comme une femme offerte, sans façons mais avec élégance...
Il se leva et suivit son amphitryon, cet ambassadeur de l'hospitalité d'un pays vert et plus galant encore

lundi 14 janvier 2008

Une belle journée à célébrer


Un beau jour dans le ciel, les nuages, les soleils et même les lunes. À vivre en glissant sur les comètes tout en plaisantant avec les dieux en mode mineur, en chevauchant les diables pour les remercier de leurs pitreries illusoires.
Faisant fi de la douleur générée par les fous qu'elle avale sans y penser, la quintessence de toutes les beautés, la poésie de l'univers s'étend partout.
Les fous s'apaisent, les victimes s'amusent, les affamés se détendent et les tyrans, ces fameux tyrans, les distorsions de nos esprits, s'abaissent pour caresser la tête d'un enfant.

samedi 5 janvier 2008

La dimension du rêve pour dissoudre l'illusion


Émergeant d'un sommeil inouï, après un rêve très explosif, certain grain de sable vit naître quelques consciences au sein d'une des nombreuses galaxies peuplant cet univers en permanente création...Sortant un jour de l'océan primordial, un têtard devint femme...Lorsque soudain, bercé par le soleil et la lune, un rayon chaud pointé par Vénus, au son d'un léger rire de gorge, dessina sur la planète bleue l'ombre d'un homme... Les deux seuls êtres alors au monde mélangèrent un souffle unique en spirales de beauté et renvoyèrent aux étoiles ce regard vivant, embué d'émotion, qui précéda le cri...
...Une histoire comme tant d'autres sous la voûte céleste, alors que je lis mon journal assis dans le métro parisien.
Les passagers ronronnent leur bavardages mentaux tandis qu'un calme surprenant, invisible, envahit mon espace vital. Une présence pareille à l'énergie d'une centrale nucléaire, face à moi sur le siège vide. Indescriptible mouvement sphérique, rayons lasers multiples traversant les corps et moi muet, ravi par cette étonnante pureté issue de nulle part. Rien d'autre à part cette évidence d'être témoin d'un acte gratuit et parfait.
Vois-tu, camarade, il y a tant de choses en ce monde que je ne m'effraie même plus de l'inimaginable et je te relate les faits tels quels...Pas entièrement cependant... puisqu' il y avait quelqu'un ce jour-là, face à moi, lorsque cette force se manifesta. Un homme impavide. Sous la chair humaine, je compris en un instant la vanité des apparences, le pouvoir de l'esprit sur toute chose...Et puis je n'avais pas de journal... J'étais au contraire suprêmement attentif... Pourtant rien ne s'était passé, de manière sottement visible, durant ces quelques secondes. Avais-je rêvé ?.. Pas plus, en tout cas, que je ne rêvais cet espace relativement étroit où nous étions tous confinés...
Aujourd'hui ma mémoire est restée fidèle puisque cet instant date d'il y a quelques décennies.
Je viens même de rêver à travers les yeux de deux êtres d'une autre planète temporelle à ce qui meut le coeur des vivants. Et j'ai compris que la dimension du rêve était la mienne, plus forte que les cauchemars environnants que l'on appelle trop souvent réalité, auxquels nos peurs nous soumettent.
Cela m'a rendu la liberté, la solitude immense et l'ouverture sans nom qui peut dissoudre tous maux, même mes propres rêves lorsque je découvre, justement, que je suis loin d'être seul.