dimanche 25 mai 2008

La forteresse libérée



Où est-ce ?.. Inutile, camarade, les noms du passé ont laissé place nette, avec quelques couleurs de bougainvillées parsemant les murs de la cité et un vieux fort comme témoin - symbole tardif et vivant - de 3000 ans d'un courage farouche. Il reste l'orthodoxie, ses ors et sa dévotion cachés derrière les pierres de petites églises où brûle continûment au moins un cierge pour illuminer le monde qui n'en sait rien,... Bien sûr.
J'ai frôlé les pavés de la vieille ville avec au coeur un secret qui labourait mes veines... Il fallut diluer au retsina et parfois à l'ouzo à la blancheur de lait....
Mais rien à faire, dilution d'illusion et le sang caché jouait les bourreaux tandis que je tentais vainement de retenir cette pure félicité qui guettait comme une ogresse folle, avide d'avaler....Alors, tu vois, j'ai laissé faire en regardant le miroir de la mer dont je goûtais les fruits... L'ogresse roucoulait dans mon coeur, repue mais toujours menaçante et je ne dirais pas ces mots que tu n'attends pas : la fleur est intouchable et la vieille démone qui use de mon visage pour flouer les braves gens se tient coîte parce qu'elle a peur de mon ardeur tartare.
Personne ne souillera ces pétales immaculés. L'ogresse le sait, elle est une bien vieille amie. Elle sera protectrice, même.
Juste un mot encore...Dans ces rues étroites, chaque battement de mon coeur rendait un hommage précis, comme toujours. Il vint cependant se prolonger sur un visage royal aux pommettes parfaites.

mardi 13 mai 2008

Nuit inouïe

La chambre est chaude malgré l'insistance du ventilo
Et pour le sommeil, bonsoir
Les pensées ronronnent avec ces petits déchirements, symptôme
Que l'on est piégé par le staccato silencieux des émotions à tiroirs
Il faut alors s'asseoir et poser les yeux sur cette grammaire ignorée
Qui, même étudiée des millions de fois passe encore inaperçue
Normal. Pourtant il paraît que les ânes ont de la mémoire
Plutôt que de braire je me pose face à l'écran en surchauffe
Goûtant pour la millième fois le nectar des mots du géant des hauts plateaux
Impossibles à reproduire tout de suite, le tatouage est secret, plus profond que la chair sanguinolente et la hargne d'un fou
Solitude, silo à étude, seul n'est pas le seul
Ici, cette nuit, la mémoire me revient
Il ne sert à rien d'avoir peur, donc il ne sert à rien de haïr
Ni d'ailleurs de croire conjuguer l'amour alors qu'il s'agit d'enfantillage
De sexe bon marché ou d'état d'âme à faire marrer les goules
Sans attraper la lune ni décrocher les étoiles je plante mon arme
Dans la terre aride de mon esprit et je te le jure par les cornes du diable si tu veux
L'eau jaillit déjà



lundi 12 mai 2008

Les obstacles

Né dans l'absurde, éduqué dans un rêve social et guerrier
Choyé par des mamies barbues au coeur d'or
Hypnotisé par la force et l'autorité
Déchiré par tes propres fantasmes
Te voilà toujours errant et solitaire en deçà des apparences tronquées
Encore heureux que dans toutes ces brumes fantasques
Le vieil homme au chignon blanc fasse, de temps à autre
Sonner les chaînes du pont pour te secouer
Pas de trêves pour les pleutres et les victimes
Tes désirs tripaux, tes peurs primales et tes dégoûts d'enfant gâté
Tu peux les laisser jouer sur le trottoir avec les chiens du quartier
Et ne te crois pas maltraité pauvre petit sac à merde prétentieux
Ni par la vie ni par quiconque
Qu'importent les moments noirs, le sang, les larmes et la misère
Il paraît que le sapiens sapiens s'est redressé
Il ferait beau voir ( comme dirait Simone, eh oui, même là je ne peux m'en empêcher )
Que ses descendants
Jouent les bossus et les lâches
Ainsi morigéné-je ma pomme, camarade, face aux circonstances adverses
Pour ne pas faire semblant de sombrer dans la crétinerie, obtus et crispé
Mais plutôt afin de préserver mon penchant pour la prière pure
Ma seule lumière dans cette vie
Ma seule poésie
Ce quelque chose générant humour et légèreté
Qu'il faut parfois cacher sous des airs grognons ou de mauvaises humeurs
Aux enfants de ce cirque envahissant : mes chers contemporains

lundi 5 mai 2008

La plaine est vide


Seul au milieu de nulle part, sous les nuages dansants de la plaine où soufflent tous les vents, je continue ce périple commencé il y a mille ans. Ou bien un instant, comment savoir ?
D'ailleurs je m'en fiche, je ne suis qu'un voyou parfois touché par la grâce, cette douceur venue je ne sais d'où qui s'empare et dicte tout.
Les vents me bousculent comme les rêves me poussent et je suis impuissant en grignotant chaque pas, espérant une rencontre, une outre d'eau-de-vie, une nuit sous la tente dans l'ivresse réjouie, les mains calleuses se passant le bol toujours rempli...
L'air est pur,les cîmes sont proches et voilà un canyon au fond duquel roulent des eaux furieuses. Et, chance, un pont de fer suspendu avec sa lourde puissance surgît telle une invite insistante à passer...
Tout balance et l'orage gronde, tandis que la foudre se met à tomber, des grêlons menaçants claquant sur les chaînes du pont...
Renégat, voleur, lâche individu, je m'attends au pire sur le pont du destin où mes pas trébuchent. Ha ! Qu'importent mes états d'âme devant l'implacable dieu dont la gueule ouverte signifie mon congé de ce monde...
Mais il s'efface parmi éclairs et grondements tandis qu'un vieil homme au ventre large, puissant, apparaît dans cette tourmente, au bout de ce pont de chaînes emmêlées...
Toutes mes paniques, mes peurs, mes horreurs se transforment en larmes et je tombe à genoux aux pieds du solitaire au haut chignon blanc...
Quand j'ouvre les yeux, apaisé, plus personne, un ciel immaculé et des neiges bien plantées sur leurs sommets parfaits...
Je me relève un peu lourd mais le coeur plus léger. Mon sac et ma canne comme complices, mes pas m'entraînent vers ce nulle part de toutes les aubes, de l'impérial festin, de l'amour qui tout engloutit comme un ogre explosant de bonté, vers le regard aperçu un instant qui brûla tout pour laisser vivre...
Et je ahane, piètre guignol sous les astres, encore un pas, puis un autre mais je ris sous ma barbe de poils mi-roux, du ridicule ainsi exposé par cette mienne carcasse et cet esprit trouble...La vie est si belle mon gars

dimanche 4 mai 2008

Écorché mais encore vif, par tous les diables !

Pourquoi faudrait-il toujours associer un corps humain ( tout du moins d'apparence, le sujet est très nuancé et assez vaste quand même ) à ce que l'on appelle «moi», mieux encore, «moi, je ». Moi je, moyenâgeux, moi y en a je ha ha , on peut jouer beaucoup avec ces histoires de moi, de mois...Le langage peut sembler irrationnel mais je vous assure que nenni, c'est mon intuition du moment la plus claire, l'esprit humain allant plus loin que tout le connaissant, le connu, ainsi que les cons et les connes nues aussi d'ailleurs.
J'essaie d'être un peu sérieux mais c'est tellement difficile pour moi, veuillez excuser cette incompétence, j'ai été éduqué, enfant et adolescent, par des êtres pour qui tout était sérieux, des religieux bien sûr.... Il s'agit donc du choc en retour, la révolte contre des coincés du bulbe, sûrement de braves gens mais les braves gens sont souvent lâches, hélas. Et qui dit lâcheté dit manque de tension. Et ce qui tend et sous-tend les choses c'est ce qui donne la motricité, le mouvement, la vie quoi...Ce qui ne signifie pas que la lâcheté puisse signifier détente, par opposition. Non. Tout à fait non. La lâcheté c'est la détresse à l'état pur, la peur primale, l'accrochage à ce «moi» évoqué plus haut.
Le propos est vaste, vraiment. Mais grâce à ma folie de prince débile, aucune vergogne ne m'arrête puisque c'est mon coeur qui parle, celui que n'importe qui peut piétiner à sa guise... Il semble fait pour ça, apparemment. Pas de souci comme on dit aujourd'hui.
Le problème de l'humain lignage ( toujours cette sempiternelle référence à Villon mais je l'aime que voulez-vous ), c'est l'association de malfaiteurs.
Je m'explique. En l'occurence les malfaiteurs sont les gangsters issus des perceptions, des sensations et des désirs ou répulsions qui en découlent...
T'as un mec, soi-disant, installé à un bar, qui boit un verre de vieux Bourgogne, un vrai nectar. Tout à coup, une espèce de soixante-huitard baba-cool assez violent débarque et lui arrache le verre des mains pour l'avaler cul sec....Connerie et manque de goût bien sûr. Grossièreté, manque de manières, barbarisme quoi.
L'autre, interloqué, regarde cette masse de chair baveuse encore et se permet de hausser un sourcil afin de manifester un étonnement mêlé d'une ébauche d'indignation.
Joie de l'autre partie qui perçoit une réaction à ce geste légitime puisque décidé par lui, par ce «moi» authentique...
Une bonne vieille bagarre en découle pour le plus grand plaisir des accoudés du comptoir qui se mettent même à parier sur le vainqueur...
Quelle mélopée connue....La douceur d'un étalage d'adrénaline, indispensable à la survie ! Ha ha ha !!!
Tu regardes ces deux mecs s'en foutre plein la gueule et ensuite, fatigués mais repus de sang, se serrer la pogne pour s'offrir mutuellement des tournées...
Ouais, je sais que ça fait cliché mais c'est seulement pour illustrer et apaiser l'importance que l'on donne à tout ce qui est perçu par l'un ou par l'autre.
Du meilleur au pire, du pire au meilleur, ce n'est qu'une mêlée d'harmonies et de chaos selon les concepts du jour ou du siècle ou du millénaire, je m'en fous.
Ce que j'avais envie de dire, moi, ha ha ha , c'est que ce cirque n'a pas à nous émouvoir. Du coucher de soleil à l'aube magique, de la dispute avec ta femme qui est une harpie au charme du chant d'un enfant, il ne reste que l'aurore boréale, la beauté, l'inexplicable (heureusement), la poésie et la douleur, l'amour et l'immensité, tout cela ensemble....Là, le regard n'est plus celui d'un tel, il est celui de la tranquillité aimante. C'est quand-même peinard, non ?

jeudi 1 mai 2008

Retour à la nudité

Ayant lu tous les livres, la chair peut bien être triste et le poète avait touché là quelque chose d'essentiel.
Inutile d'effacer les données du disque dur, elles sont là depuis si longtemps.
Elles pourraient servir d'histoires à raconter aux enfants d'un âge d'or.
Mais sans jamais oublier la nudité, cette pureté dont l'humain devrait être le gardien attentif, lorsqu'aucun concept, aucun délire personnel n'a encore entamé la perfection naturelle de ce qui est.
Il est amusant de constater que le vocable «personne» en langue française contient deux significations opposées : l'allusion à une individualité, d'une part et d'autre part l'inexistence d'un quelconque individu ou bien son absence.
Certaine phrase latine, issue d'un rituel romain, est également amusante : « Ego te absolvo»
«Je t'absous»...C'est à dire qu'une personne, en quelque sorte, nettoie un de ses contemporains de toute responsabilité et donc de tout choc en retour quant à ses actes. Quelle étrange magie. On peut donc virer les données du disque dur de quelqu'un d'autre ?
Techniquement parlant c'est sûrement possible dans une relativité très restreinte.
Mais le simple bon sens ne pourrait cautionner la chose dans une optique plus large...Et le sens de l'honneur alors?... Ha ha ha : vocable perdu sans doute ?...
Ici, chers contemporains, nous commençons à nager dans un foutoir assez complexe de notions, de vues, de concepts et de croyances en plus...
Personnellement je me sens comme égaré dans le Labyrinthe avec la pauvre bête qu'on peut rencontrer à chaque tournant. Je suis seul, la copine Ariane a choisi de fuir dans l'espace céleste et j'ai déjà perdu le fil, incapable que je suis de vous offrir une quelconque cohérence dans ce propos.
Comme vous me savez slave et dingo, je vais donc abréger par décret : retrouvons la nudité vraie de notre conscience la plus simple, avec l'amour infini qui la sous-tend parce que c'est comme ça que ça marche. Ni peurs, ni couronnes, ni personne à blâmer ou à féliciter (ou alors juste pour faire plaisir)... Voir par le regard du ciel tout vaste. Et voilà. La petite notion de personne ou d'individu, au choix, fait des ronds de jambe, gênée et nous allons la consoler au premier troquet venu avec un bon douze ans d'âge.
Pas mal non ?


Éducation, morale ? Ha ha ha !!!

À toi, vieux frère au moins aussi cinglé que moi, je dois une réponse quant à la vue de ce que signifie, en ce qui me concerne bien sûr, les mots éducation et éthique ( évidemment «morale» c'est affreux et ridicule ).
Il s'agit ni plus ni moins de la gestion de nos différents cerveaux bien sûr. Dès notre petite enfance, ces chers parents - quelles que soient leurs qualités par ailleurs - nous transmettent leur expérience qui elle-même procède de celle de leurs ascendants.
Naturellement, ce n'est pas si simple. Les différents milieux sociaux, ethniques, la continuité ou non d'un style de vie voire même d'une vue de ce qu'est le monde et de la façon d'y faire face offrent une panoplie vaste et variée. En plus cette espèce d'opposition entre «Nature» et «Culture» dont on nous abreuvait lors de nos premiers cours de philo n'a pas de sens tant que les notions restent incomplètes ou floues. Pourtant il s'agit bien de «Nature» et de «Culture» dans le sens où la «Culture» serait la marque d'une hypothétique évolution.
Déjà il y a de quoi se marrer en énumérant tout ça...
Donc, je propose ma notion d'éducation avec un brin de tendresse et de reconnaissance en pensant à mon grand-père slave, ossète, cavalier émérite, guerrier généreux, homme plein de bonté et aristocrate russe authentique, bien loin de l'exemple misérable de nos singes titrés, prétentieux et coincés d'Europe. Êtres sans grâce et sans noblesse (la vraie).... Quelle dérision!
Bon, il faudrait faire court, jeune homme. Une pensée d'amour au vieux légionnaire de père qui m'a dressé cela va sans dire et même à ma mère slave et dingo aussi. Tous ces mélanges ! Une richesse certaine, beaucoup de chaleur, de fermeté, de sévérité même, une formation... De manière à vivre et à manifester une certaine tenue dans l'existence, pas une histoire de costard-cravate évidemment.
Pas évident pour le moutard que je fus et que je reste, quelque part...
Les épreuves naturelles de cette vie ont peaufiné et ajusté les données de base et l'«Éducation spirituelle» a permis d'aller plus loin dans cet entraînement débouchant sur une façon plus claire, beaucoup plus claire de «voir».
Finalement, ce qui m'est arrivé est un coup de bol personnel dans les méandres des destinées mouvantes que sont les vies des habitants de cette planète....
Il ne me reste plus qu'à la fermer puisque nous vivons encore dans la jungle même si les cris de certains animaux ressemblent à des vociférations, des grondements et autres borborygmes humains, à des crissements de pneus ou à des vrombissements de Mercedes cabriolet hyper cylindrées.
Il y a toujours des roitelets et des règles remplacés régulièrement dans ces jungles parfois junglettes ridicules. Républiques bananières si vous voulez.
D'un coup de balai - sans retirer ce que je viens de raconter - je m'instaure libre, limite anar, pas misanthrope mais en vous saluant gentiment de loin...