dimanche 30 décembre 2007

Passages


La nouvelle année dite solaire, basée sur l'un de ces cycles figés inventés par des hommes étranges, entrouvre ses portes... Qui passera où ?.. Je serais bien en peine de le décrire. Les passages sont nombreux, intervalles entre nos naissances et nos morts, nos moments de grâce et nos expériences des enfers, le va-et-vient des amours, des emmerdes ( pour citer Aznavour ), des mille histoires d'une vie, ces banalités exaspérantes parfois. Mon coeur balance entre des milliards de consciences à travers époques et contrées et une profondeur dépassant tous mes concepts, un lieu où le nombre, le nom, la forme, toutes les sensations, toutes les perceptions, les émotions les plus variées s'enroulent en gigue légère sur le balcon de l'univers.
Mes frères sioux, cheyennes ou algonquins savent à quoi colle mon rêve. La cérémonie sacrée n'est pas celle qui croûle sous les orgues d'une cathédrale gothique encensée et gigantesque, pesant sur des milliers d'épaules comme une terreur crispée. Elle vient de cette chaleur vive sous le poitrail, celle qui génère tous les courages dans une hutte de sudation ou
dans la forêt après quelques jours de jeûne solitaire en attente de la vision. Les cerveaux ne sont pas séparés des coeurs qui pompent le sang chaud lorsque l'on prie Wakan Tanka, lorsque ces petites pensées, ces mouvements mentaux dérisoires ne rident même plus la surface de notre esprit.
Chaque situation signifiante est alors l'occasion d'une danse, d'une offrande au ciel inaltérable, d'un chant venu des tréfonds de la vie elle-même.
Où es-tu, tribu sacrée qui m'a fait voir l'amour simple, brut et l'harmonie en toutes choses ?

mardi 25 décembre 2007

Nativité ou naissance ?


        Noël à l'envers c'est Léon - on ne va pas se crisper sur des accents - et donc léonin. Le roi des animaux au rugissement vainqueur, c'est assez plaisant comme image plutôt que celle d'un sapin dont le bois sert, c'est bien connu,  à la fabrication des cercueils. Bel arbre au demeurant, évocateur de montagnes enneigées et d'étoiles par millions. Pas de guirlandes de crânes, hélas, ce symbole non chrétien ferait peur à tout le monde. Bien dommage d'ailleurs  que ce soient les peurs qui façonnent, en fin de compte, la pratique des religions. Elles n'insistent jamais beaucoup sur des vues saines et amorisantes. Parce que tous les discours que ces religions génèrent finissent toujours par la condamnation de quelque chose ou de quelqu'un... Heureusement que ce dernier nom commun n'est utilisé qu'en une seule partie. Alors... Nativité, étoile du berger et tutti quanti... Telle histoire issue du Rig-Veda et des upanishads bien avant que les rois mages dans le désert ne poursuivent un scintillement céleste... En bref les hommes ont besoin de poésie et de rêve. À force de s'entretuer de toutes les manières possibles, visibles et invisibles, une petite pause s'impose. Peu importe, finalement, que ce soient toujours les mêmes histoires qui se transmettent d'une religion plus ancienne à une autre plus récente. Ce qui compte, c'est de vivre un instant avec le coeur nu et non encore déchiré d'un enfant. Une nouvelle naissance chaque année, une nouvelle chance donnée, n'est-ce pas là la réalité du message ?

dimanche 9 décembre 2007

Aube


Voila la pointe du grand est piquant le ciel de sa première chaleur. Pour nous offrir la vue et la vie. À nous, dérisoires petits monceaux de chair outrée de sang sale, nains gesticulants, pontifiants pontifes ou cadavres abrutis embusqués dans des cités schizophrènes. Voire tout cela à la fois. Et voila qu'il suffit d'un regard. Le regard. Les roquets se calment, les nains se font tout petits et les cadavres rosissent tandis que les pontifes prient, pour une fois...
L'aube a pris la forme de ce visage solaire, de ce regard qui réchauffe, de cette invisible pouvoir d'inimaginable guérison. On dirait que sur la terre est réapparu l'humain lignage. Les méandres sous les crânes ressemblent enfin à des croisements lumineux, des confluents de rivières claires où circule une eau rouge et saine.
Les tambours font revivre le rythme des vents jaillis des milliards de mondes...
Plus personne n'a envie de tuer, de massacrer, de faire régner, d'autoriser ou de caqueter. On est assis pour la célébration du millionième matin, différent et toujours le même pourtant...
Ma voix de basse se joint à l'hymne qui monte, l'espace et le temps se marient, il n'y a plus rien à penser puisque tout est parfaitement clair. Plus à disserter, plus à chercher, plus à comprendre....Plus à souffrir, quelle qu'en soit la manière...
À ce moment précis, surgi des gouffres de l'Univers, grondant et immense, un son menace d'exploser. Une puissance apocalyptique en émane. Nous sommes tous au bord de ce roulement sourd qui émergera dans un instant...
Plus aucun souffle dirait-on ?...
...Et soudain, venu de partout à la fois, quoique d'une étonnante douceur alors que le monde s'attendait à l'explosion initiale, un rire mélodieux emplit le ciel. Pas une gorge qui en réchappe, pas un souffle qui n'y paticipe...Comme un étirement d'aise après un bon sommeil, une infinité de bouches se plissent pour enfin expirer le pur cristal de la vie renaissante.
Voila...
Une aube comme toutes les autres malgré d'étranges voiles ressemblant aux tentes fermées de nomades endormis alors que le ciel est déjà clair.