vendredi 27 juin 2008

Le passage à travers

Rues, pierres, amas d'immeubles et grondements souterrains
Machines et grues, klaxons à te crever les tympans
Puanteur des quartiers et des faubourgs, fantômes en laisse agrippés à leur jouet
Courses assoiffées vers nulle part
Buts sans cible, cibles sans but, insensibles vies et trépas cachés
Bouffes, beuveries, sirotages et matchs de foot
Routines de pendus dans ces pénitenciers à l'air privé d'oxygène

À travers tous ces puzzles d'une réalité complètement rêvée
De douleurs à l'arraché, de joies fatigantes et d'activités inventées par hasard
Je crache dans les nuages le goudron d'une planète
Et je passe le miroir aux alouettes d'une tension de mes mollets
Laissant tout disparaître en un instant de présence simple
Dans le son d'une syllabe sortie de mon ventre
Elle même se dissipant en un dernier point qui n'existe pas
Lumière sans ombre portée
Une élégance silencieuse, un salut indicible
Et mon humour spontané en offrande aux trublions de la fête
Invisible à notre regard commun

mercredi 25 juin 2008

Lassitude et dérision

Tant de monde à se mouvoir tel un troupeau
En celà rien de nouveau
Frère François en riait déjà lorsqu'il citait Panurge
Rien n'a changé, ni lettrés ni analphabètes, personne ne s'insurge.


Les anarchistes de magazine et autres scribouillards de canards jouant la carte de la satire et de l'humour, restent, en gratte-papiers, confortablement assis dans leur salle à manger devant la télé, se plaisant à dénoncer les petites forfaitures de leurs contemporains : un esclavage comme un autre.

Je m'ennuie dans la foule de mes congénères dont les trouilles profondes ne pourront que rarement surgir afin de réveiller leur coeur de cristal.

Il ne s'agit pas d'accumuler les connaissances mais d'ouvrir un peu ces yeux qui nous relient à la simple conscience, la plus simple, celle qui dépasse bien sûr l'entendement falsifié par des siècles d'imposture, intellectuelle, mentale, émotionnelle, imposture gavée de convoitises sans grandeur et de haines farouches pour l'amour du pouvoir. Pouvoir de qui et pour quoi d'ailleurs, c'est la grande farce dont personne ne rit jamais.

La soi-disant science et ses fabricants de jouets de consommation n'est pas meilleure que la sainte inquisition dont les jouets, plus douloureux, certes, prétendaient en plus être spirituels ha ha ha.

Savoir où se logent les bases motrices, les lieux de perception sensorielle dans le cerveau des hominidés a-t-il quelque intérêt face à cette mort et à cet inconnu que chacun déguise et oublie après trois larmes et un bon repas, sans se soucier le moins du monde de la portée de ses propres actes ?

Oui, bien sûr, on soigne, on semble guérir parfois mais dans quel but ? Continuer à vivre dans l'absurde ?

Ah, les bonnes vieilles maladies, la peste et le cholera. Le feu brûlait tout et l'on fuyait exactement comme aujourd'hui mais de façon moins subtile, bien sûr.

Les guerres sont plus vicieuses, les peuples toujours autant manipulés par leur propre ignorance d'ailleurs, pas par les marionnettes croyant manier les ficelles.

Les religions virulentes s'embrasent d'un égoïsme salutaire pour les ardeurs guerrières des gènes frustrés.

Les philosophies et les sciences expliquant le monde ? Qu'en a-t-on à faire par tous les diables ?

La politique nous ferait marrer si ce n'était qu'un fonctionnement désespéré pour ceux dont les ambitions se réalisent quelques instants, le temps de détruire un peu plus sans même le savoir. Pour celà, pas de bord, ils ne savent pas qu'ils sont du même côté. D'ailleurs ça tangue un peu trop...

C'est pour ça, sapiens sapiens, que tu es venu ?

Moi, je te le dis, je préfère les gorilles qui n'emmerdent personne et en plus sont végétariens.

Et pourtant on les tue, quelle amertume.

Voilà camarade, un discours sans rigolade sauf celle crispée face au spectacle que mes yeux de grossier pantin voudraient transformer en lac de beauté.



lundi 23 juin 2008

Une machine hautement sophistiquée mais pour qui et pour quoi ?

Comment est-il possible d'imaginer les époques anciennes, lorsque par exemple les celtes vivaient en symbiose avec un univers présent et décodable à chaque instant, gravant pour mémoire dans la pierre des symboles encore vivants aujourd'hui ? Ou encore nos frères des plaines sacrifiant et respectant le bison sacré qui les faisait vivre ? Ou encore toutes les formes de nomadisme à travers ce monde, avec leur éthique précise, faite pour la survie et pour la vie...
Le spectacle des grandes cités nées de la «révolution industrielle» transformée aujourd'hui plus précisément en «révolution technologique» explose en un quelquechose qu'autrefois d'aucuns auraient trouvé diabolique.
Des jouets, bien sûr, encore plus de jouets fascinants pour les naïfs que nous sommes, ne voyant pas plus loin que le bout de notre nez. Et crois-moi, camarade, je suis anar dans l'âme et n'ai aucune envie de rejouer la grande farce malsaine de la sainte inquisition.
Mais quand on voit le chaos, j'ai plutôt envie de dire la perversité comportementale de certains êtres totalement perdus dans le dédale des mégapoles, comme noyés dans des marécages dangereux, mortels - je n'ai pas le courage de donner de détails - tous les extrêmes sont présents, tous les vices, tous les «arrachés de la tête» y vont de leur agilité obsessionelle et le corps humain, on finit par se demander à quoi ça sert.
À quoi bon cette cervelle, pour percevoir et surtout pour faire quoi ?
C'est à ce moment précis que reviennent à ma mémoire certaines conclusions sur la perception par les êtres vivants des phénomènes issus du contact sensoriel et mental avec le monde dit extérieur. Là, je comprend mieux que des milliards d'univers se croisent et ma petite personne fragile et changeante fait partie de ce lot incommensurable.
J'en conclus que nous sommes toutes les formes de vie possible même celles que je
peux percevoir comme les plus folles. Nous formons des groupes, des sous-groupes, des sociétés où certains croient communiquer avec leurs antennes naturelles ou paraboliques. Tout celà m'arrache un peu les tripes parce que j'ai une impression de bordel généralisé et le mot même de chaos me semble inapte à traduire la diversité intense des choses dans leur déploiement sauvage.
Comme un chien apeuré par l'orage, je trottine pour aller me réfugier sous l'auvent du ciel inaltérable, près d'un océan de préférence, y retrouver la simplicité de respirer, de sentir battre mon coeur, de m'extasier devant la beauté d'une femme qui passe, ceinte d'un pareo ou d'un quelconque tissu coloré.

lundi 16 juin 2008

En jouant parmi les braises



Tant qu'il y a du feu il y a des braises après les cendres
Les incendies se déclarent comme l'amour, grâce à une étincelle
Et ça donne souvent de grands brûlés comme notre «Patient anglais»
Le brûlé a besoin de morphine, c'est un témoin à peine vivant de l'enfer
Mais pourquoi ne pas s'ouvrir au silence après le tumulte
Ne pas laisser tout simplement, ne pas lâcher toutes les laisses
Et jouer comme un enfant parmi les braises ?

lundi 9 juin 2008

Entre désir et peur il y a un espace calme, un moment idoine pour décider

Ce qu'il y a de bien chez un danseur mondain, c'est la sûreté, la précision, la légèreté et la grâce de son pas. Des années de travail bien souvent pour parvenir à cette mesure harmonique, cet équilibre manifesté par le couple sur un tango, une valse ou une salsa...
Quand je me regarde vivre il m'apparaît que c'est la conscience simple et vive de l'instant, non brouillée par un réseau confus d'impertinences mentales, qui permet de prendre une décision et donc d'agir lorsque c'est nécessaire. Pour celà, deux choses : -Être apte à regarder tranquillement une situation
-Agir selon son coeur
Recette simple si l'on n'est pas piégé par les incessants mouvements des pensées auxquelles on donne une importance qu'elles n'ont pas. Et ce piège fonctionne magnifiquement bien avec nous autres humains sans cesse pris entre peurs, aversions, désirs et bien sûr frustrations...Tout celà parce que nous ne nous contentons pas de la vie offerte et qu'il faut toujours ajouter quelque chose...
Alors, voyant cela, j'essaye de retourner à ce calme naturel fait de bienveillance aimante, cet espace rafraîchissant de l'esprit, notre sauvegarde à tous...
Et pour bien s'y retrouver il faut une attitude de détente, de lâcher prise, de confiance...
Comme les choses semblent simples... Mais, comme pour le danseur de salon, il faut beaucoup, beaucoup de travail, beaucoup d'entraînement pour danser sur le courant de fraîcheur de nos natures claires et calmes...


jeudi 5 juin 2008

Jour du poignard magique : les vapeurs s'éclipsent

Pas trop de commentaires : s'il faut choisir ses ivresses, j'ai laissé les liquides sinueux au profit d'un acte planté comme la dague sur un démon récalcitrant, sceau magique. Point.

lundi 2 juin 2008

De Valera's Irish pub, étangs d'Ixelles, travaux sur la place

Le Glenfiddish m'est toujours apparu comme un remède : couleur, reflet, descente en chauffe douce mais insistante : tous les ingrédients pour dérouiller un poignet de scribouillard et ouvrir les fleurs de l'âme à des cieux inattendus.
Les parfums se déclinent alors en hiéroglyphes silencieux, signifiants, signifiés.... C'est l'heure du poète. Le poète, c'est à dire le traducteur de l'intangible comme du réel.... Un réel trop rapide pour les synapses mais suffisant pour chevaucher la lumière.
Il y a cet étrange ballet des activités humaines , ces échanges de mots en taffant sur une clope devant une bière pils avec en fond sonore le son d'une scie circulaire découpant une barrière de métal....Un ou deux verres sur une table, des bureaux qui se vident à l'heure de l'apéro sous le soleil de juin et la laideur d'une cité en travaux...
Ça cogne dans chaque poitrine, chacun son rythme, ses schémas mentaux, ses impulsions souterraines, ses rêves, ses désirs, ses haines pernicieuses ou ses traumas plus ou moins gérés, ce qui revient au même...
Si le regard se focalise sur les vies sous-crâniennes et émotionnelles le paysage varie à la vitesse d'une spirale galactique....
Il y a aussi les plus calmes, les jouisseurs d'un instant, humains pendant ces secondes sifflées à l'ennui...
La couleur des visages, le tracé des grimaces sont un leurre : un éclat de perception, le piège d'une pensée, un souvenir brumeux sont tout autant de balafres invisibles et violentes taillées dans toutes les énergies sous-jacentes de ces corps avachis, assis ou en mouvement...
L'impasse, le tableau noir quand même...
Que fais-je à tracer des lignes pour soi-disant peindre une réalité issue de ma propre vision ? Tout le monde s'en fout, c'est normal. Ça ne sert à rien ni à personne...
Je vais donc jouer à l'apprenti maître sorcier et te balancer tel quel le pur éclat d'un diamant bleu tournant sur lui-même comme une toupie, dont la vitesse croissante augmente les multiples éclats.
Il est la base, le point de rencontre, le point culminant de toute cette farce apparente...
Il n'y a que lui. Ses reflets d'une magique beauté sont les apparitions de ce théâtre moderne où disparaissent cependant le passé, le présent et le futur...
La liberté de ce diamant sans naissance me donne la force de sourire à la jeune et aimable serveuse venue recueillir mon verre vide et attendant, détendue, que je continue la commande...