mercredi 22 avril 2009

Ô musique, son du tréfonds des cieux

C'est en écoutant ce soir David Helfgott interpréter le concerto n° 3 de Rachmaninov que la mémoire m'est revenue... L'Allemagne, Düsseldorf, été 1970, une famille teutonne accueillante après un passage en Corse. Je suis encore ébloui par les beautés des falaises rouges entre Ajaccio et Calvi et plus encore par ce qui venait de m'arriver en Provence près d'un port de plaisance qui se révéla être la porte du ciel que j'avais toujours guettée...
C'est là, tout près de Düsseldorf que j'entendis enfin pour la première fois Le concerto, que je communiai avec ces accents venus du fond de l'âme russe, force propulsante au-delà des décors trop fabriqués du monde dans lequel j'avais échoué depuis ma naissance....
Ce fut là que la poésie de toute chose me prit dans ses bras invisibles, malgré ou avec l'aide de deux comparses italiens, errants comme moi dans ce pays dont nous voulions intégrer la langue...Nous communiquions en anglais, ils m'apprirent toutes sortes de jurons en italien et nous ingurgitâmes avec joie force pizzas dans la vieille ville peuplée de germains...
Depuis ce jour, plus ou moins consciemment, je suis le cours de ma folie, de ma soif de beauté, de pureté et d'amour...Pas ces "clichés", ainsi que les nomment certains de mes contemporains osant ternir ces vocables par la veule moquerie que seuls les couards connaissent...
Pas de peur donc, ma poitrine ouverte, blessée, mille fois saignante et l'humour toujours sauf camarade, selon l'esprit guerrier légué par les hommes vrais, bien au delà de ces hominidés fragiles dont on voudrait nous offrir la parenté, ha ha ha...
David Helfgott joue encore les derniers accents en ce moment même, lui qui côtoya les abysses de la folie...Quelle est cette force transparente qui nous noie dans le ciel ?

lundi 13 avril 2009

Le calme, la vision et la vie

Il existe parfois des enchaînements d'instants où l'on pourrait croire que tout est possible.
Mais seul un langage exprimé sans le moindre artifice peut tenter d'offrir, par le biais de cette magie au-delà des concepts de ce bienheureux cerveau, cette liberté où l'espace et le temps disparaissent comme un couple uni dans un parfait orgasme dépassant cette dualité homme-femme cause de tant de malentendus...


Une chambre sous les toits, un homme allongé sur son lit, relax...
Des images sur un mur, il rêve en toute conscience du temps passé, du présent douteux et de l'avenir inconnu. Il rêve de ces Grands Êtres qui passent inaperçus alors que leur présence s'étend partout depuis toujours. Puis il voit que le temps peut s'étendre lui aussi, se détendre même et embrasser l'espace infini, que chaque instant de vie ne meurt jamais malgré les corps qui semblent disparaître.
Ces corps n'auraient-ils pas une place trop lourde dans la vie qui s'exprime partout ?
Pendant quelques nanosecondes, ici et là, il a l'intuition de cet ensemble qui ne peut tenir dans la vision d'un homme à moins que cet homme se dissolve dans la vision elle-même, plus vaste...
Alors il comprend que l'amour n'est pas un vain mot : il est seulement très incomplet dans l'esprit des hommes et des femmes, mélangé aux distorsions égocentrées générées à cause de corps trop lourds, même maigres....
Reste "la musique du silence" du copain Leo qui aimait son chimpanzé.