dimanche 30 décembre 2007

Passages


La nouvelle année dite solaire, basée sur l'un de ces cycles figés inventés par des hommes étranges, entrouvre ses portes... Qui passera où ?.. Je serais bien en peine de le décrire. Les passages sont nombreux, intervalles entre nos naissances et nos morts, nos moments de grâce et nos expériences des enfers, le va-et-vient des amours, des emmerdes ( pour citer Aznavour ), des mille histoires d'une vie, ces banalités exaspérantes parfois. Mon coeur balance entre des milliards de consciences à travers époques et contrées et une profondeur dépassant tous mes concepts, un lieu où le nombre, le nom, la forme, toutes les sensations, toutes les perceptions, les émotions les plus variées s'enroulent en gigue légère sur le balcon de l'univers.
Mes frères sioux, cheyennes ou algonquins savent à quoi colle mon rêve. La cérémonie sacrée n'est pas celle qui croûle sous les orgues d'une cathédrale gothique encensée et gigantesque, pesant sur des milliers d'épaules comme une terreur crispée. Elle vient de cette chaleur vive sous le poitrail, celle qui génère tous les courages dans une hutte de sudation ou
dans la forêt après quelques jours de jeûne solitaire en attente de la vision. Les cerveaux ne sont pas séparés des coeurs qui pompent le sang chaud lorsque l'on prie Wakan Tanka, lorsque ces petites pensées, ces mouvements mentaux dérisoires ne rident même plus la surface de notre esprit.
Chaque situation signifiante est alors l'occasion d'une danse, d'une offrande au ciel inaltérable, d'un chant venu des tréfonds de la vie elle-même.
Où es-tu, tribu sacrée qui m'a fait voir l'amour simple, brut et l'harmonie en toutes choses ?

mardi 25 décembre 2007

Nativité ou naissance ?


        Noël à l'envers c'est Léon - on ne va pas se crisper sur des accents - et donc léonin. Le roi des animaux au rugissement vainqueur, c'est assez plaisant comme image plutôt que celle d'un sapin dont le bois sert, c'est bien connu,  à la fabrication des cercueils. Bel arbre au demeurant, évocateur de montagnes enneigées et d'étoiles par millions. Pas de guirlandes de crânes, hélas, ce symbole non chrétien ferait peur à tout le monde. Bien dommage d'ailleurs  que ce soient les peurs qui façonnent, en fin de compte, la pratique des religions. Elles n'insistent jamais beaucoup sur des vues saines et amorisantes. Parce que tous les discours que ces religions génèrent finissent toujours par la condamnation de quelque chose ou de quelqu'un... Heureusement que ce dernier nom commun n'est utilisé qu'en une seule partie. Alors... Nativité, étoile du berger et tutti quanti... Telle histoire issue du Rig-Veda et des upanishads bien avant que les rois mages dans le désert ne poursuivent un scintillement céleste... En bref les hommes ont besoin de poésie et de rêve. À force de s'entretuer de toutes les manières possibles, visibles et invisibles, une petite pause s'impose. Peu importe, finalement, que ce soient toujours les mêmes histoires qui se transmettent d'une religion plus ancienne à une autre plus récente. Ce qui compte, c'est de vivre un instant avec le coeur nu et non encore déchiré d'un enfant. Une nouvelle naissance chaque année, une nouvelle chance donnée, n'est-ce pas là la réalité du message ?

dimanche 9 décembre 2007

Aube


Voila la pointe du grand est piquant le ciel de sa première chaleur. Pour nous offrir la vue et la vie. À nous, dérisoires petits monceaux de chair outrée de sang sale, nains gesticulants, pontifiants pontifes ou cadavres abrutis embusqués dans des cités schizophrènes. Voire tout cela à la fois. Et voila qu'il suffit d'un regard. Le regard. Les roquets se calment, les nains se font tout petits et les cadavres rosissent tandis que les pontifes prient, pour une fois...
L'aube a pris la forme de ce visage solaire, de ce regard qui réchauffe, de cette invisible pouvoir d'inimaginable guérison. On dirait que sur la terre est réapparu l'humain lignage. Les méandres sous les crânes ressemblent enfin à des croisements lumineux, des confluents de rivières claires où circule une eau rouge et saine.
Les tambours font revivre le rythme des vents jaillis des milliards de mondes...
Plus personne n'a envie de tuer, de massacrer, de faire régner, d'autoriser ou de caqueter. On est assis pour la célébration du millionième matin, différent et toujours le même pourtant...
Ma voix de basse se joint à l'hymne qui monte, l'espace et le temps se marient, il n'y a plus rien à penser puisque tout est parfaitement clair. Plus à disserter, plus à chercher, plus à comprendre....Plus à souffrir, quelle qu'en soit la manière...
À ce moment précis, surgi des gouffres de l'Univers, grondant et immense, un son menace d'exploser. Une puissance apocalyptique en émane. Nous sommes tous au bord de ce roulement sourd qui émergera dans un instant...
Plus aucun souffle dirait-on ?...
...Et soudain, venu de partout à la fois, quoique d'une étonnante douceur alors que le monde s'attendait à l'explosion initiale, un rire mélodieux emplit le ciel. Pas une gorge qui en réchappe, pas un souffle qui n'y paticipe...Comme un étirement d'aise après un bon sommeil, une infinité de bouches se plissent pour enfin expirer le pur cristal de la vie renaissante.
Voila...
Une aube comme toutes les autres malgré d'étranges voiles ressemblant aux tentes fermées de nomades endormis alors que le ciel est déjà clair.

lundi 19 novembre 2007

Hommage


Tu es la servante céleste, l'oeil d'un beau noir et la mâchoire de fer.
Tes gestes palpitent comme des balles traçantes arrosant les nuits, volonté d'airain et douceur de marbre.
Il n'en faut guère plus pour aimer ce spectacle. Même si...
Nous servons la même perfection au coeur de la même guerre. Même si...
Je ne connais pas tes ennemis intimes, seule ta rage sous contrôle m'en laisse deviner la puissance.
On ne trouve pas ta beauté, elle s'empare.
Sur la pointe de tes cheveux j'ai vu un pied magique dont l'orteil dressé menace les flous de toutes nos vies.
Je m'incline sous le sifflet des balles dont l'harmonieuse mélodie m'offre à chaque fois le courage de pointer encore et encore le canon de mon neuf millimètres sur des fantômes à ne pas abattre.
Et je ris souvent de ces tours de passe-passe dont la dérision me fait rêver encore plus. Tout cela parce que je n'ai jamais perdu le cran de te regarder.
Ni la gifle glacée du mépris, ni les apparences de l'amour n'entament la précision de mon tir. Même si....
Les fantômes s'amusent et c'est tant mieux. Ma carcasse meurtrie, mon sang mêlé de tous les poisons n'ont pas eu raison de cette ardeur guerrière.
Grâce, grâce, grâce à toi. C'est cela mon hommage.
Je ne redoute même pas les magnifiques obus de mortier lourd et je verse souvent des larmes de lait.
La poésie est le meilleur des espions parmi les fantoches de l'illusion. Elle s'infiltre partout et nous renseigne sur les routes à emprunter.
Cet emprunt qui mène à la somme de toutes les beautés.

Intro




Voilà. Je dégaine le crayon et les mots crépitent. Ça défouraille et je sens déjà les impacts sur ces cibles mouvantes que sont les pensées. Mon vietcong personnel. Il attaque comme de coutume par surprise de tous les côtés à la fois. Pas de chemin de repli, c'est mon seul honneur.
Seule ombre au tableau, je combat à l'arme de poing, un Sig Sauer d'excellente qualité mais un peu faible face au nombre. Et à l'arme blanche pour le dernier coup.
Si on se bat c'est pour offrir sa vie, non ? Mais pas comme un lâche. Rien à faire.
Je me fous du bilan, d'une certaine manière. Hors de question de jouer le comptable des cartouches, des armes et des corps perdus.
Aujourd'hui est fait pour l'hommage. Et je vais le rendre. C'est inutile, je le sais et c'est d'ailleurs pour cela que c'est encore plus beau. Voir la scène finale de Cyrano de Bergerac, camarade.

Desseins


Des seins, desseins, essaims, comme on veut....Pour ce qui est de dessiner sa propre vie avec des mots, bonne chance camarade ! Et pour ce qu'il en est des maux, encore meilleur ! On ne va pas se filouter soi-même avec toutes sortes de petites danses légères exprimées comme le papillon qui va mourir tout de suite. En bref, laissons-là tous ces ratages maladroits ( on peut rater avec adresse mais c'est d'une autre subtilité et je ne me sens guère concerné ).
L'amertume est un goût lié à des propriétés médicinales - en général excellent pour le foie, cet organe souffrant de nos excès - idéale lorsque testée grâce aux infusions d'artichaut.
Donc...
Désenchantement face à ma propre médiocrité, je le dis sans hontes. Comme mon frère François il ya quelques volées de siècles je les ai déjà toutes bues. De vraies tisanes d'ailleurs, question amertume. Serait-ce que nos nullités nous ouvrent un passage magique ? Voilà encore un de mes rêves sans doute mais il est vrai que de toute façon il s'agit d'un rêve sinon quelle absurdité n'est-ce pas ?
Cependant, vu d'une autre rive, celle de nos réussites - voire pire, de Notre Réussite -l'amertume se transforme bien sûr en une certaine douceur, et, horreur peut-être, en satisfaction repue. Là dessus camarade, faut voir sur quoi repose ce sentiment trouble d'une seulâbre sérénité. Tu vas dire que je me pose trop de questions, bien sûr. C'est la remise en question te répondrai-je, seul moteur de nos existences libre de l'aliénation à quelque fioul que ce soit puisque cela ne se passe que dans notre esprit.
Donc...
je danse en boîtant sur ce monceau d'incertitudes, de doutes et de médiocrité si ce dernier mot peut encore avoir un sens commun aujourd'hui.
Je danse sur des lieux communs dont il faudrait réaliser une nouvelle exégèse pour aider le bon peuple dont moi, camarade.
Mais le sentiment, le vrai, se noie tous les jours dans l'effort. L'effort qui n'est pas mon fort puisque je suis un des rares paresseux durs à la peine.
Et en plus je danse. Sous ma grosse tête touffue de fils gris, blancs et châtains aussi.
Ma cervelle tourne à un certain régime et mon coeur bafoué ressemble pourtant à une roche fouettée par le ressac dont mille étoiles réagissent au moindre rayon de soleil ou de lune.
Voilà ma confession non vaticane, c'est assez pour aujourd'hui. Cette mise à nu sans en avoir l'air sous les desseins de la providence et les dessins de millénaires douleurs, je l'offre en pâture à ceux qui voudraient s'en nourrir.

mardi 13 novembre 2007

Guerre

Sous le feu et dans le sang avec les tripes nouées dans un combat absurde il ne reste que la beauté immédiate de la vie, le coup de feu sur la cible et l'enfer direct sous le ciel immaculé, témoin de tout sans la moindre altération. La rage est une bouillie sans nom. Il n'y a que le combat et le crépitement des armes pour sentir le vent soufré, la bouche sèche, le voyage de la chair condamnée d'avance et la discipline du seul honneur qui reste. Sans le temps de la peur, nuage évanescent.

jeudi 25 octobre 2007

Sacha

« Il faut être digne du malheur qui nous frappe sinon nous ne sommes que des victimes et nous ne pouvons en profiter...»......Ou encore :
« Un homme intelligent est moins intelligent que mille imbéciles qui se cotisent pour comprendre »... Cher Sacha, tu nous manques !

dimanche 21 octobre 2007

Straight to the point


Tu es seul sous ton toit avec le ciel bleu par dessus - ah mon cher vieux Paul - et tu as souffert.
Un corps humain, nu et calme, le regard aussi bien en dedans qu'au dehors. Seul. Mais il suffit d'une pensée et l'univers entier est là. Il regorge des joies et des douleurs inhérentes à sa nature de réceptacle de tout ce qui vit... En Irak, au Liban, dans le Grand Nord parmi les morses et les ours sauvages... Maintenant et il y a mille ans... Avec le souvenir immédiat d'une bouche aux contours sensuels et remplie d'amour chaud.. D'une féminité sans identité mais aussi réelle que ton coeur se déployant dans l'invisible, stimulé par cette lumière qui te comble. Le soulagement de la vie miroite ce matin dans le silence de la piaule où tu viens d'oublier ton nom.
C'est l'immensité du voyage suspendu à tes respirations légères qui court dans tes veines comme dans les rues... Jusqu'aux galaxies ni proches ni lointaines puisqu'elles sont là, taquinant le temps qui, lui, a oublié de courir.
Bon sang, quelle beauté!
Tes rêves sont autant des rêves que le monde est réel, il y a de quoi fondre de tendresse et câliner tout ce qui vit même déchiqueté, explosé, hurlant aux vautours... Ces vautours se transformant aussitôt en aigles, en moineaux, en mouettes attrapant au vol les bouchées de pain que tu lances en riant.
Tu sais que tu ne vas nulle part.
Tu attends simplement que les brumes se dissipent pour laisser la place au soleil de ta planète, bleue comme les plus magnifiques océans sur lesquels tu rêves encore souvent de naviguer...
Voilà de nouveau que tu accostes sur ce motu. Laissant là le canot tu t'assieds sur le sable blanc, regardant ton bateau se balancer impavide sur les eaux du lagon... Elle s'approche, la fleur de Tiaré à l'oreille et tu es agréablement surpris de découvrir un pied fin, délicieux, rare en ces contrées...
Tu es encore une fois ennivré par cette soie unique : la peau parfumée des polynésiennes. Même sa voix est soyeuse en roucoulant les «r»...Est-il possible que dure cette perfection ?..
Non, bien sûr, puisque tu es allongé sur ton lit, sous ce toit où la pluie cliquette. Tu reviens de ton rêve...Mais un instant suffit pour y être à nouveau.
Mon cher, tu es complètement réconcilié avec le monde.

lundi 8 octobre 2007

Couac


Tout semblait se tenir mais il n'avait pas vu cet oiseau bizarre dressé sur le tabouret, en attente d'un évènement que nul autre n'aurait pu inventer.
Le bar jouissait des ombres du petit matin, dans cette crasse arrosée d'eau pour mieux écraser les poussières sur le plancher.
Sobre, il ne voulait rien et s'était posé comme le passant regarde une vitrine, assis devant les verres vides et les cadavres de la nuit.
L'oiseau d'un coup d'aile disparut. Que signifiait cet augure ?
Un frisson lui fit comprendre : une ombre encore plus sombre le regardait du fond de cette pièce vivant aux seuls reflets des bouteilles alignées.
Dehors l'océan s'agitait un peu pour mieux lécher la plage.
L'ombre s'avançait découvrant un visage sublime et des pommettes brunes sous un regard que les cils n'osaient interrompre.
Elle était belle, inimaginable, unique comme un coup de couteau. Il se croyait contemplatif, il se trompait. Blasé, le choc fut encore plus violent.
Elle s'assit, la reine de ces lieux déserts, lui toucha la main du bout de ses ongles parfaits. Une telle douceur irradiait de ce contact qu'il n'en respirait plus. Alors, il sut. Et cette découverte insensée ne pouvant être traduite il ne put qu'expirer son dernier râle d'ignorant. Une inspiration plus tard il renaquit au grand jour - ou à la grande nuit d'ailleurs, quelle importance? - sa solitude s'étant magiquement dissoute dans cette féminité impossible. Ses tatouages virils lui couraient sur la peau, derniers vestiges d'une autre vie.
Ils se levèrent après un long moment et sortirent goûter le sable avec leurs pieds ailés. Puis ils disparurent dans la beauté des nuages.

dimanche 30 septembre 2007

Ajustage

Je suis un concours de circonstances, apparues ici, disparaissant par là
sans cesse en mouvance, si bien que celui qui écrit est déjà différent de celui qui parle.
Comme disait le vieux grec, on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière. Ce à quoi un collègue lui rétorquait qu'on ne se baigne même pas une fois dans le même cours d'eau.
Au sein d'une telle confusion, comment s'y retrouver ? La réponse est facile : rester naturel sans ajouter rien à quoi que ce soit, laissant les pensées naître et se dissoudre. Enfin, se baigner et profiter de la fraîcheur de l'onde avec, pourquoi pas, un verre de martini dry plus zeste de citron dans une main et la rondeur de hanche d'une naïade dans l'autre.

lundi 24 septembre 2007

Le pic du corbeau

La carcasse dont tu profites se noie dans la cendre
Même en altitude les oiseaux de proie gémissent sans comprendre
Lambeaux arrachés de ta conscience ivre
C'est maintenant, la solitude qui délivre

La douleur comme compagne et la folie pour guide
Seul le grand mât tient sur le pont du vaisseau
Ça transperce la brume, hurle aux vents et ricane comme un damoiseau
Où est passé ce beau silence dont la soie couvrait ton cou livide?

La tristesse qui pend comme ces cheveux bouclés
La soif impatiente, nerveuse, égoïste
Et ce coup familier dans le coeur qui persiste

Alors tu inspires ces océans saccagés
Jusqu'au cri du corbeau dans son hiver noir
Et tu vomis ta lumière, méprisant tout espoir



dimanche 23 septembre 2007

Nuits troubles

Au jardin calme apparurent les foules, mi-grotesques, à peu près pitoyables
Comme ce spectacle quotidien au sein de mes affres
Les beautés brûlées, les parfums évanouis otages de la vanité des sables
Dans ce désert ni pureté, ni jeunesse, ni vieillesse ... Le monde bâfre

Ogres qui roucoulent, amers désenchantés
Hères sans feu, visages sans vie, comme la douleur qui nous ment
Personne n'ose goûter le sel de l'enfer, l'épice de la liberté
Même les enfants fatigués, déjà, déclinent la grammaire des déments

Ce n'est pas faute d'essayer, de mettre son coeur à nu
Mais le vaste crassier a bouché les veines vives de nos corps secrets
Qui distingue encore au fond de la mine le sourire discret ?

L'humour, la bonté légère, la tendresse crue ?
Les familles ébahies, dispersées dans l'oubli
Se gorgent des opiums que leurs peurs ont fournis.



lundi 17 septembre 2007

Payer pour donner, gratuité des tranquilles et des marrants


« La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! » faisait dire Jean-Baptiste à l'un des personnages de sa pièce. Ouais. Le problème c'est que cela s'applique, en toute vraisemblance, à la race bipède en général, c'est à dire nous.
Notre manière d'appréhender l'existence, cette soif, ces peurs, cette absence d'une capacité de librement donner - sauf exceptions qui confirment la règle, comme d'habitude - voilà les maladies mentales régnant en maîtresses sur nos courtes existences. À force de vouloir absolument tester tous les régimes ( ça, c'est à prendre aux premier, deuxième et troisième degrés comme tu t'en doutes ), on oublie de mordre dans la vie et de se repaître de la générosité que la nature toute entière nous offre sur un plateau. Comment veux-tu donner quoi que ce soit d'ailleurs, si tu n'es qu'un sinistre ascète morfondu dans ses macérations. Comme l'a dit l'amérindien Black Elk ( ceci fut rapporté par l'excellent Jim Harrison dans son magnifique récit « Aventures d'un gourmand vagabond » ) :
« Le pouvoir de l'univers oeuvre toujours en cercles, si bien que tout le monde
essaye d'être rond. »
Voilà. Au moins la rondeur évite-t-elle les blessures causées par nos attitudes parfois bien anguleuses.
Tout est dans la soif.
Et la faim par voie de conséquence.
Ce n'est qu'une question de technique alliée à un état d'esprit bien précis.
Comme à notre première respiration d'ex-noyé dans les chaleurs humides du ventre maternel, il a d'abord fallu prendre. Avaler goulûment. Bon.
C'est seulement par la suite que les choses se gâtent. Modes, drôles d'éducations religieuses, transmissions génétiques frelatées et autres nombreux facteurs
sociaux font de nous des espèces de robots sans âme et surtout sans la moindre capacité de prendre une décision digne de ce nom.
Je ne parle pas bien sûr du fait de choisir le métier de menuisiser ou de décider de parier sur tel cheval au prochain tiercé. Il s'agit de décisions à la fois plus légères et plus mûres. Ce qui paraît totalement contradictoire, j'en conviens.
C'est une question d'approche.
Une approche de cet art de vivre sa vie qui nous fait souvent défaut, chacun à notre manière, bien sûr : nous sommes tous des cas uniques.
Par exemple, lors d'une fête familiale, découvrir, grâce à une présence pleine et entière, que la tête de veau sauce gribiche est un véritable délice pour notre palais, surtout si elle est accompagnée d'un délicat Sancerre. Cela n'a rien d'extraordinaire mais implique suffisamment de participation à l'état d'être vivant pour être noté. C'est la base même de l'approche de ou des décicions que nous pourrions prendre dans notre vie : quelque chose de parfaitement conscient, par goût, par aspiration de coeur... Avec une claire volonté dans tous les cas. Même si rien n'est formulé dans nos méandres mentaux. C'est en nous. C'est ça et rien d'autre, simplement.
Voilà déjà un bon début pour arpenter les trottoirs de nos vies en sachant plus ou moins reconnaître notre chemin et le cap que l'on suit.
À partir de cette attitude, tout est possible même l'inénarrable. C'est ce dont je suis heureux d'être convaincu pour moi-même.
Pas de projections dans le futur, ni futiles, ni ambitieuses puisque le cours de nos vies trace sa route comme le fleuve qui va se jeter, plein d'ardeur, dans l'océan.

Les paramètres de la foi

Ô tempora, ô mores !
Que voulez-vous y faire ? On s'adapte, du moins on essaye. Ce qui me chagrine dans tout cela c'est l'extraordinaire confusion des bipèdes affublés de capacités mentales. Tous les ennuis viennent de là. Ne crois pas que je veuille me soustraire à ce dernier ensemble de ballerines intellectuelles - ou se croyant telles : c'est en quelque sorte ma grande famille. Ha !
Résumons : attitudes de mammifères enrobées d'émotions complètement sauvages, analyses de cerveaux plus ou moins formés pour ne pas s'ouvrir à davantage de sang régénérateur, avec comme résultat des confusions ou des certitudes ( ce qui est pire ). C'est le lot de toutes les civilisations gagnées par la décrépitude, surtout celle-ci qui s'efforce magistralement de faire croire le contraire, grâce à l'aveuglement, à la soif inextinguible de divertissement et autres consommations proposées par le siècle ( panem et circenses, ce n'est pas nouveau ), grâce à la « science » qui lâche quelques infos fascinantes et convertit son savoir en os à ronger et autres amusements , en nouveaux jouets pour cannibales de la vie quotidienne. Inutile de donner les détails que chacun connaît par coeur.
La médecine évolue et la maladie - disons les malades, dans ce sens - aussi, merci.
Il reste, comme d'habitude, la foi - mot dangereux - qui nous propulse instantanément dans des domaines de certitudes inavouées, pas toujours très claires de la même façon pour tout le monde, dans les célestes palais de ce que l'on a toujours appelé : religion.
Et quand on voit ce qu'elles ont offert au monde depuis toujours, je ne suis pas très convaincu. Ou alors les deux à la fois.
Et le sang coule, la douleur mise en exergue offre tous les tremplins menant à la folie. L'égoïsme - jamais mort celui-là - draguant les consciences avec ce toupet qu'on lui connait.
Comme par un sulfureux hasard, les armes à déchiqueter les chairs des bipèdes accroissent leur pouvoir de tuer, en qualité et en quantité. Pas de commentaires sur ce dernier point, tout le monde est face à l'évidence.
« Il est grand le mystère de la foi » chantaient les petits enfants...Tout ce que j'ai envie de dire, c'est que ce mystère est dangereux pour tout le monde dès que l'intelligence, ce terme reconnaissable entre tous, notre seule arme valable, est mise de côté. Par mégarde sans doute.
En bref, ne t'étonne pas de mon goût pour les îles tropicales et les lagons solitaires. Là au moins, l'océan repose la vue même si l'on est con et la beauté des nuages nous raccommode avec le ciel sans tâche, merveilleux de tonalités azures.
Là, peut-être, peut-on prier avec foi en sachant parfaitement ce que cela signifie.
Et même boire un coup entre copains, de temps à autre, histoire de ne pas sombrer soi-même - encore une fois - dans le camp des donneurs de leçon remplis de certitude. Donner, c'est bon. Donner du vrai bonheur c'est délicieux.
Là c'est du grand art et j'ai encore tout à apprendre...Actuellement je pense au Vanuatu mais j'ai toujours ce penchant pour les maoris...


lundi 10 septembre 2007

L'abattage des cartes



Imagine un lundi pluvieux, ambiance lourdingue dans les rues et sur les visages avec en prime ta propre déprime. Tu auras le tableau flamand rempli de voiles gris qui dépeint la tristesse de ton sentiment d'absurde et d'inutile. De ta propre insuffisance, de tes ratages s'amenant en masse pour grincer dans ton mental déjà grippé, rouillé, maculé de cambouis. Les cartes sont tombées. Sur la table de ce qui te reste d'honnêteté, disons de lucidité. Et quelque part, tu t'en fous quand même, parce que tu as fait ce que tu as pu. Humilité ou fier orgueil n'ont même plus de sens, on est trop nombreux sur cette planète à souffrir, à jouir ou à n'importe quoi. Tu vois tes proches comme dans un rêve et le seul esquif auquel tu t'accroches, par réflexe ou par éducation, c'est le quotidien de tes actes, de tes petites obligations. Parfois tu bois, tu fumes, tu t'abrutis rien que pour essayer d'atteindre un hypothétique silence de bien être. Illusion et tu le sais parfaitement. C'est maintenant, face à la durée, alors que ton coeur profond essuie une attaque d'artillerie permanente autant que vicelarde, que tu ne mesures plus rien en attendant ta propre disparition. Pas de désespoir, pas trop d'espoir non plus d'ailleurs, mis à part des petits trucs au ras des pâquerettes, et toujours cette sensibilité innée à la beauté, à la bonté , à l'amour qui apparaîssent parfois, rarement, dans un regard.
Et puis ton rire, cette capacité à dénicher n'importe où le comique d'une situation ou d'un con, ou d'une conne, parce que ça existe dans ton monde même s'il est frelaté.
Comme tu vois il te reste encore de l'orgueil, du mépris et tu n'es pas tout à fait mort.

lundi 3 septembre 2007

Ce même moment

En cet instant même, je mesure le dérisoire espoir, la dérisoire crainte d'un quelconque lendemain. Le temps en tant que tel n'a aucun sens si la vaste respiration du ciel n'habite pas consciemment le coeur de chaque être vivant. Je m'explique : l'ouverture permanente du coeur et donc de nos fonctions mentales sont nos seuls authentiques alliés au fond des méandres de nos multiples consciences sans cesse martelées par les limitations grossières de nos égotistes points de vue. Le mot vue employé faute de mieux pour qualifier les vieilles taupes que nous sommes.... sans offense...

lundi 27 août 2007

La lumière, la folie ?

Ces deux derniers jours , mon frère, seul dans ma masure de poète, je fus ébloui de lumière intérieure, calme, et les larmes qui perlaient à la commissure de ces paupières et de ces yeux que j'appelle miens étaient la rosée du premier matin ou des éclats de diamants, que dire? La beauté et l'amour se rejoignirent à cet instant et pourtant, je t'assure, j'étais seul, physiquement seul, baignant dans la félicité de ce monde qui nous est si inconnu, finalement. Les molécules vivent, les atomes se composent entre eux, tu es mathématicien et biologiste non ? Je ne sais quelle réponse donner, je suis ignorant et stupide et la seule qualité que je puisse percevoir en mes tréfonds, c'est cet amour infini et inexplicable, impossible à transmettre par le verbe à qui que ce soit. Quelque part, je m'en fous, quelque part, c'est indicible. Oh oui! Je connais ! « Margaritas ante porcos»....Même eux je les aime pour leur offrande de chair si douce...Je n'ai plus peur de mourir mon frère. Cet appendice d'humain que je suis ne se soucie aucunement d'un quelconque futur et utilise le présent pour amuser les foules....Je vole dans un ciel vide de tout cela et toute ma force est là : donner à quelque être «with an open mind» ces gouttes de pureté....Cela semble si impossible de nos jours, en ce soit-disant 21º siècle....Ha Ha Ha quelle connerie ! Tu sais que je t'aime, c'est pour cela que je te parle sur ce blog plus ou moins ouvert à un certain «public», mot qui me fait marrer. Je te le dis pour une finale juste : L'amour, cette luminosité illimitée selon ce que l'on en fait, si ce n'est pas mélangé au poison du vulgaire, est la porte du ciel sans commencement. Là, il y a tout à donner jusqu'à ses propres tripes, sa moëlle et tout le reste, on s'en fout. Mais l'esprit clair, lui, est immortel.
Quelle merveille pour l'alchimiste que le millième matin. Quelle merveille pour deux adolescents qui se voient pour la première fois et qui, en un regard, en un instant, tournent avec tous les univers et toutes les galaxies, parcequ'ils ont franchi cette porte invisible du pur amour.
Je t'embrasse , frère vagabond,comme moi, et te souhaite la mort la plus douce et la plus tardive possible.
Moi, vieil esclave, je balade encore cette carcasse sur les trottoirs des cités modernes, secoué de rire parfois devant la pitrerie inconsciente qui se donne en spectacle mais je joue profil bas. La poésie est une femme qui doit se montrer une fois tous les mille ans, sans doute. Mais en regardant bien, tu peux l'apercevoir, de façon fugace. C'est alors un rayon de force qui te recharge pour un temps.
Voilà, j'arrête ces balivernes qui furent écrites pour , avec un peu de chance, réchauffer quelque coeur ouvert...







dimanche 12 août 2007

La guerre, l'enfer et les pendules à l'heure exacte


Le sais-tu, quelque-part dans le temps des humains en 1983, la guerre faisait rage en Afghanistan. Je parle pour ce soldat russe Nikolaï, un symbole vivant. Un musicien. Musicien, pas tueur. Appelé malgré lui dans ce conflit absurde par la force de ce que l'on appelle l'ÉTAT. Cet État sans apparente émotion bien qu'il véhiculât les émotions folles et les conceptions géopolitiques d'hommes malades. Dans la tourmente des embuscades et des opérations sanglantes, il sauva, par nature, une femme afghane du viol par un de ses compatriotes et ami et celà finit par la mort violente, abrupte, d'un homme jeune encore qui n'en pouvait plus. Ce ne fut pas Nikolaï mais le violeur, poignardé par la rude afghane qui utilisa les quelques secondes de répit offerts par la menace de la kalachnikov que l'artiste épouvanté pointait sur son pauvre ami déjà fou.
La souffrance gouverne ce vaste monde. Mais qui, je dis bien qui ? ...Y peut quelque chose ? Ni religion, bien au contraire, ni philosophie - les hommes sont dépourvus de sagesse et encore moins de sagesse vécue et appliquée dans l'immédiateté des circonstances - ni éthique vivante puisqu'elle est morte depuis déjà longtemps.
Comme tu le vois, mon frère, mon ami, aucun désespoir, aucun langage édifiant ne peux rien contre la folie. Et je parle de la folie égotiste, celle menée par la lourdeur des cerveaux mal fréquentés, ceux qui se laissent manipuler par les flous du monde des apparences sans la moindre perception claire puisque sans aucune référence du même qualificatif.
Idéaux, mysticismes de tout poil, fois brûlantes au service d'instables instincts, désir institutionnalisé, voilà ce qui gouverne cette planète appauvrie au seuil de sa dernière expiration.
Alors, mon frère lointain, je te le dis une fois pour toutes, pour ta propre sauvegarde : reste tranquille dans ton repaire annonyme et prie, si tu mesures encore le sens de cette dernière locution oubliée depuis de si nombreux lustres.


dimanche 5 août 2007

Ce soir avec Lupe la Maya, Alexis Zorba après le dessert, il y a cinq mille ans


Les étangs sombres d'Ixelles jouent les miroirs secrets entre le chicken king et les penne perfumati, entre la Moskovskaya bien frappée et le sorbet à la fraise. Il y a même pas de vanille ni framboise mais ce sont les mamelles du destin, comme toujours. Sacré Gainsbarre. Et un vieux grec élégant, racé, au charisme antique, notre voisin à Maya et moi-même présage déjà l'arrivée inopinée d'Alexis Zorbescu ou Zorbasky. Il porte tous les noms, tu le sais.Il a tous les visages, inattendu Zorba, tonitruant et calme avec sa sensibilité parfaite résonnant des accords offerts de son santouri. Il danse, invisible, et nous conversons, l'indienne des sacrifices de sang et le slave fou amoureux de la légion. Nous sommes maintenant, il y a cinq mille ans - une nanoseconde exultante - et je vois des lucioles qui dansent avec les cheveux de la chamane. Puritos de Havane en un nuage de grâce qui se dissipe pour renaître. Ah, mon frère, comment décrire ce qui est léger, nature, plein, vide et totalement vivant dans la chaleur approchant du huit Août, date fatidique, paternelle, celle qui nous arrache un sourire de reconnaissance à tous les deux. Bon. Je le dis pour le profane, nos deux pères nés un huit Août, autorité suprême, dérision, respect et amour. Poésie, enfin !Ha ha! Deux pères et deux frères, quelle rigolade puisque ce sont les mêmes. L'univers n'est-il donc pas si vaste ?Ce soir, c'est le sang, le regard, la puissance, la transparence et pour finir ce belge ami rencontré sur le chemin du retour, gentiment bourré. C'était un nouveau visage de Zorba qui m'a encore, te rends-tu compte, surpris.Beauté, tu t'insinues, tu es partout où l'on ne t'attend pas et surtout nulle part où l'on t'attend.Je ris, je pleure, je calme, je regarde et j'ode, offre, aime, m'agenouille, mon front sur le pied sacré. Cette merveille me dépasse et c'est tant mieux.

mardi 31 juillet 2007

Comme beaucoup

Désespérément. Désespérément romantique, si ce mot porte encore en lui quelque force malgré la distorsion du temps et des époques essouflées par leurs voiles de fausse pudeur, c'est ce que je suis. Constat livide d'un solitaire en bout de course dont le seul bonheur est d'exprimer par touches cet évasement du coeur sans complexes mais infiniment pur.
Imagine un con qui pleure devant la beauté - en ce qui me concerne celle de la femme, par exemple - et tu peux rire et te moquer, je l'ai fait moi-même, avec cette arrogance facile qui croit colmater sa force.
Idiot, bien sûr. Personne n'échappe à la sensibilité dont l'humain est fait, au-delà de toutes les cruautés, de toutes les folies possibles, de la bestialité, du meurtre et de la trahison.
Elle est pourtant simple, la vision de cette ombre aux contours lumineux et au sourire parfait. De plus, avec la lourde expérience des échecs et des maladresses, avec l'implacable lucidité de ce nullisme qu'on fuit sa vie durant, il reste encore, plus que le rêve, cette poésie vivante et totalement présente d'un infini possible.
Les chrétiens me font doucement marrer avec leurs miracles. Ils donnent des noms pompeux à ce qui n'est que merveille et naturel. Ça va ensemble, crois moi. L'intello inquisiteur, le sbire aux ordres, le cynique se croyant libéré, tout cela, je le vois maintenant, ne cache que lâcheté.
Et pardon à ceux mêmes que je vise, j'en fais aussi partie à mes moments d'égarement.
Lâchons ces malheurs furtifs sous un ciel passant du bleu profond au noir inondé d'étoiles pour nous laisser bercer à nous rompre, s'il le faut, par la réalité sans fards et sans aucune limite.
Mais pour elle, celle que tu vois plus que déesse, jamais ne faiblis à te laisser emmêler dans les miasmes du sens commun d'un pragmatisme rouillé par les millénaires qui tue aussi sûrement qu'un sniper invisible parmi les pros.
C'est dire que tu ne peux compter que sur ta propre et unique force, mon cher, celle que tu développes comme par magie à toute heure et tous les jours que dieu n'a jamais faits.
Incompréhensible est la beauté, inénarrable... Et ce que font parfois les artistes qui se croient tels, c'est essayer de détruire ce qu'ils n'ont pu appréhender : c'est un constat d'échec et en même temps la reconnaissance de cet approche de l'absolu.
Milliards de messages par l'image, le son, le toucher ou tout ce que tu veux : dans un regard, le temps d'une nanoseconde, tout est là. Là!
Je délivre maintenant ces prisonniers de mon coeur, de mes tripes, des méandres de ce cerveau maladroit et leur offre l'immensité de tous les temps et de tous les espaces en souhaitant peut-être, comme un pauvre hère, qu'une goutte absolument parfaite et ultimement délicieuse vienne désaltérer la langue la plus rèche qui soit.
De quoi rendre la Vie, cette Vie qui a toujours donné et qu'on a toujours voulu prendre.
C'est ça, mon cher pote, toi qui gamberge avec ton âme pure, que je t'offre. Toi ou moi, c'est franchement pareil.

lundi 30 juillet 2007

Bilan

À passer ses journées à avoir le temps, il arrive fatalement, cet instant où l'on pose un regard critique sur sa propre vie. Mais attendons. Prenons les choses par ordre d'arrivée.
D'abord ce que l'on appelle communément du temps libre. Un long temps libre. Et qui dit long temps libre avec un minimum de soucis peut très bien dire : oisiveté.
L'oisiveté a cela de positif : avant que les vices ne s'emparent de toi de façon inéluctable, ta relative détente te permet enfin de savourer la paresse. D'abord le calme mental, le sourire à tout ce qui vit même dans l'espace exigu de ta soupente. Il y a toujours un rayon de lumière qui passe la lucarne ou quelques gouttes de pluie qui font des claquettes - hein, vieux Claude - sur la vitre unique de ladite.
Et comme de bien entendu, ça ne dure pas. Insidieusement naissent quelques rides à la surface des eaux bien planes. Ce sont les premières brises de ton flux mental qui n'a pas l'habitude de naviguer tout seul, sans cap, même pas à l'estime. En bref aucun point de repère particulier.
Puisqu'aucun point de mire ne vient juguler toutes ces pensées livrées à leur propre sauvagerie, ta conscience commence à donner des signes de frayeur. La pièce où tu vis, de vaste palais se transforme rapidement en masure irrespirable. Tu crois en ta soif de respirer, tu es l'animal en cage qui ne rêve que de liberté, celle-là même que tu vivais à peine quelques instants auparavant.
Pourtant personne ne te force, tu es seul et libre de tous tes mouvements. C'est là le sel de la chose.
Ni lecture, ni télé, ni ordinateur, pas la moindre distraction pour aider ces turbulences à se trouver des rails pour un moment d'équilibre dans le mouvement. Il te faut donc une stratégie car le danger s'annonce.
Cependant rien ne t'attire. Ni le dehors, ni le dedans, ni les livres, les films ou même l'étude de quelque chose, dans le meilleur des cas. Tu es une sorte de blasé, un candidat idéal pour la déprime, le désespoir voire la folie.
Il te reste une seule carte, ton joker. Ton joker c'est ta lucidité, ta capacité à regarder et peut-être à comprendre. Et encore, pas facile de l'utiliser cette carte maîtresse si tu t'enlises et te laisse berner une fois de plus par les vagues de plus en plus hautes qui te chahutent dans tous les sens, exactement comme une tempête naissante dans le Golfe du Lion gonflant jusqu'à force dix avec des murs d'eau devant, derrière et sur les côtés, secouant ton bateau. Mais là, heureusement, tu connais le degré de ton cap et tu peux travailler dur à la barre pour le maintenir, même à sec de toile ou presque.
Ici, c'est beaucoup plus dangereux. Comme si tu n'avais plus de safran. Impossible de se diriger, donc.
Il faut sortir cette satanée carte sinon c'est la noyade, pardieu !
Le ciel est gris-noir, l'angoisse commence à t'étreindre sérieusement. Tu es pris en sandwich entre l'ennui et le désarroi, entre de vagues désirs d'espaces lointains - partout mais pas ici - et de vagues de dons tombant du ciel par miracle et peut-être encore - c'est terrible - es-tu obnubilé par ce désir de tendresse innassouvie que tu ne vois nulle part dans ce brouillard à la trame de plus en plus dense, comme le filet qui se resserre sur l'animal sauvage auquel tu ressembles davantage à chaque instant .
Tu peux même en arriver à hurler, à ruer, à sauter, à cogner les murs de ta tête, à maudire la terre entière responsable de tes malheurs. C'est con quand-même, tu en conviendras.
La tempête à l'intérieur, rien de pire pour le voyageur. C'est le plus vicieux des pièges.
La carte, bon sang !... Là, peut-être, un miracle, une ouverture dans la poix qui t'entoure, un réflexe de survie plus profond qui émerge et te donne la force de respirer un bon coup.
Tu souffles. Tu t'asseois sur ton paddock et te désolidarise de ce magma en fusion grâce, sans doute, à une de ces qualités innées dont tu as à peine conscience et qui font bien partie de ta vie, pourtant. Tu décides de regarder. Tu as accepté la douleur, la mort, tous les désespoirs et tu commences d'ailleurs à trouver cela un peu dérisoire, que diable. Tu t'admonestes. Tu te traites de crétin. Bien, c'est un bon début : le joker commence à se montrer.
Et le spectacle commence. Comme ton esprit critique est assez développé, tout y passe. Tu n'es pas tendre avec toi-même. Doucement, mon gars, ne donne pas dans ce genre d'excès non plus. Ça ne fait qu'alimenter ton sentiment d'importance. C'est malin, tu sais, les gyrophares des consciences. Faut y aller à pas de loup.
Et puis, tranquillisé maintenant, tu commences à apercevoir quelque chose : ça bouge sans arrêt et si tu sais te tenir peinard devant cette foule bruyante du labyrinthe de tes pensées, sans te laisser distraire, c'est beaucoup plus vivable. Et même si tu en viens à convenir que tu n'es qu'un raté, que tu as mené ton existence sans qualités manifestes, même cela ne te déstabilise plus. Tu as enfin compris qu'un cavalier doit rester stable sur sa monture. Pas évident, c'est sûr, mais c'est déjà la première leçon de ton joker que tu as réussi à avaler, mon couillon ! Si ce n'est pas du pot, qu'est-ce que c'est ?

mercredi 25 juillet 2007

Un Mai dans une gargotte au sud

En attendant rien, dans cette petite gargotte d'Algarve, café-cognac à jeun pour cette douce stimulation des neurones au matin ou cette dilatation du coeur, comme on voudra.
Je regarde, tranquille, caché par le flot vomissant des touristes rouges brique venus du nord. Gras, sucrés et mous. Pauvres hères esclaves d'un monde dont ils ignorent tout. Ils jouissent un peu - et souffrent un peu aussi, comme tout un chacun - dans le labyrinthe étriqué de leur existence, sans danger immédiat. À chacun son histoire, ses petites passions, ses petites raisons au marché où tout le monde se rencontre.
Gitans noirauds, vieux portugais creusés des rides de leur terre, commerçants avides, sympas, hollandaises en culotte courte, comme ces anglaises et leurs conjoints - en un seul mot - sous-produits inconscients d'une tare dans l'évolution planétaire.
J'ai beaucoup tenté de glaner une étoile dans un regard mais le sirop trouble des globes oculaires ne luit même pas à l'éclat du soleil pourtant puissant.
Ah! Ces bons éléphants dans la chaleur de l'Afrique et dans leurs bains de boue. Et ces grands primates offrant facilement la bonté dans un regard.
Et pourtant, à côté, mille quatre cent centimètres cube de cervelle malade pour infecter aussi bien les rues des mégalopoles que les déserts jadis vierges pour des super marathon en Nike à faire - pour finir - palpiter le coeur moins vite mais pas forcément mieux.
Tu vois le tableau : tu chiales, tu ris et tu ne comprends pas grand-chose à ces douleurs et ces joies sans lendemain. À quoi bon ?
Alors,« je vas te dire », pour citer un dragon barbu de ma connaissance :
« Tu touches des doigts et de la paume la surface lisse du comptoir, tu prends ton verre à pied avec trois doigts et tu le soulèves jusqu'à la hauteur de tes yeux. Tu laisses passer le rayon de lumière à travers le liquide ambre foncé, puis tu bois de bon coeur en frôlant de tes lèvres un peu tristes le bord de cette coupe magique. Tu m'oublies, tu t'oublies. Rappelle-toi alors de tout. Je veux dire respire tout, la douleur, la connerie, la joie de bon coeur et en appréciant le nectar.»
Le geste est précis, harmonieux, guérisseur. Incroyable, non ?


Mots d'été belge voire portugais

Tracés, hauteurs, épicentres
Sol gravé aux couleurs sombres
Calme, désespérance, beauté
Éclats de perfection
Terre ancienne
Mélange cosmique
Jardins de contemplation
Grottes antiques
Refuges avant ou après la destruction
Désordre ou chaos... nets.

dimanche 22 juillet 2007

Un Décembre en Algarve, autres temps autres moeurs

Mon vieux frère au coeur de lumière, ce qui signifie pour moi et pour nous, je crois, les jeux d'arcs en ciel pour buveurs d'infini quand jamais rien ne lasse et que les mots de Fiodor Mikhaïlovitch se conjuguent au présent spontané. C'est à dire en une inextinguible soif d'instants... Le temps déchiré, la durée dissoute, nos rêves de jour et de nuit se succèdent - ou se précèdent - parceque le mot réalité n'a plus le moindre sens.
Plus d'opposition idiote mais des rencontres de force où « l'amour est roi où l'amour est loi » comme disait le grand Jacques...
Essaye un peu de mettre en verbe ce qui est en gerbe mouvante depuis toujours, à n'en plus pouvoir souvent... Douleur de nos servitudes, de nos générosités, désespoirs amidonnés bien façonnés par le siècle.
Albert disait vrai, bien sûr, l'aveuglant soleil d'Algérie lui avait ouvert les yeux.
L'absurde, l'inutile... Et c'est beau. Les méandres de nos cerveaux ne peuvent plus se satisfaire d'un fil d'Ariane même si celle-ci veut jouer les satellites de nos pauvres communications...
J'aime Lacan, ce copain qui finit une des dernières interviews de sa vie en concluant d'un seul mot clé : «amour». Faut le faire pour un spécialiste de la complexité humaine. Il venait alors de rejoindre un de nos points de lumière.
On se la joue en seigneurs du mépris, en branleurs du spectacle toujours à cause de ces peurs dont on fabrique nos armures de lâches.
Et cette dignité, cette sensibilité, osé-je dire, exposée à tous les coups les plus pervers, je me décide à ne plus la renier quitte à jouer - encore à jouer - les lépreux pour passants prospères.
Je me marre à l'avance : quand tu as tout perdu, il y a de quoi, non ?
C'est dur la simplicité mais ça n'empêche pas l'outrecuidance, l'insulte, la louange, l'amour aussi délicat qu'une pétale de rose, ni le vent d'un sabre effilé à l'extrême, tranchant une tête pour jouir de la vision pure d'un sang giclant en spirales de rouges éclats.
Un chien a froid et se ramène pour mendier chaleur ou nourriture, je ne sais. Je l'invite d'un geste caressant.
Voilà ma vie. Et je meurs seul, malheureux et tranquille.



jeudi 19 juillet 2007

Un Juillet en Algarve, dans une autre vie


Et voilà. Encore des mots, des fragrances de l'esprit, des élans muets coincés entre espoir et crainte, tout celà parce qu'un visage unique m'a coupé le souffle en une apnée de bonheur, indéfiniment prolongée malgré d'un peu tristes soubresauts de relative idiotie...Loule City dans le calme d'un Dimanche des familles.
Une caneca - une pinte de bière, quoi - pour marteler la table en appuyant rythmiquement des lettres à noircir le papier que j'aime, celui des voyageurs.
Il paraît que j'aime une femme. Le ciel, le vent, les arbres et les oiseaux, intarissables, me racontent les vertus de cette unique lumière. J'écoute et j'acquiesce, mesurant le danger et la délicate action de plonger au fond du regard d'un être à qui l'on chuchote des mots chargés.
Le moindre geste a plus de valeur qu'un diamant brut à l'eau parfaite. Que faire d'autre dans ce monde, me dis-je ?
Est-ce si important de percevoir le salaire de ses peurs à convertir en joie éphémère, en plaisir, en sécurité aussi fragiles qu'un insecte de nuit?
L'amour de la caresse et de la peau qui frissonne... La musique et la douceur des mots... Et puis ?
Que reste-t-il quand sous le pont de nos bras tout passe ?
Nous, moribonds souriants qui dansent et jouent sûrs de leur présent incertain. On s'accroche à des esquifs émergeant de l'eau furieuse tellement ça urge de croire à quelques moments de bonheur.
J'ai trouvé un trésor mais vouloir m'en emparer c'est le perdre.
Que faire, me dis-je encore, sinon effacer toutes mes mémoires et rouvrir les yeux sur l'inconnu ?
Ce soir, dans ce village Algarvi de montagne le football règne en maître sur les écrans de tous les bars. N'ayant rien ingurgité aujourd'hui, je m'offre des travers de porc....Le délice du «Papagayo ». Gens sympas... Suis seul à cette table mais seulement en apparence puisque tu l'habites de ton silence si intense. Te rends-tu compte que tu rayonnes dans un invisible si puissant que j'entends ton coeur battre la mesure de ces vies multiples ? Le filet de ta voix tel un ru de montagne rafraîchit mon sang au milieu de tous ces convives heureux, en famille, portugais maniant la langue d'Alain Simon, ce poète génial et méconnu.
La solitude, par distraction rêveuse, me rapproche de la mort naturelle ou périlleuse sur les sentes de la jungle indochinoise lorsqu'à chaque pas une
balle peut siffler juste et percer ce crâne pour une seule et ultime fois.
Il y a tant d'amour laissé libre, abandonné au ciel par nous, hommes inattentifs à l'essentiel, à ce fruit parfait devenu invisible pour cause de paresse.
Il me semble que la fuite est aussi une des causes de cette douleur qui nous tient ancrés à l'absurde... Il n'y a nulle part où aller et cela ne sera jamais. Nous resterons, même dans nos mouvances, à l'endroit où l'on est. Finalement, c'est partout.




lundi 16 juillet 2007

14 Juillet



Samedi 14 juillet 2007. Date entre toutes ! Ah! Quelle dérision !
Mais, depuis le temps, on s'en fout.
Aujourd'hui un beau défilé sur les Champs avec en prime de ma légion paternelle, héritage de mon coeur, la légion espagnole, des gars au col bien ouvert sur la poitrine offerte, beau symbole... «Los novios de la muerte», damas y caballeros de la legion avec le sens du sacrifice, de l'offrande. C'est ça que j'aime chez les péninsulaires : leur honneur, leur fidélité, leur don de soi bourru mais déterminé. Imparable. Et le salut traditionnel des légions romaines... La guerre, quoi. La vraie. Le combat, le flirt avec la mort parce que cette vie doit bien avoir un sens. Quoi de mieux que de l'offrir.
Même ignorant ou stupide c'est acte de générosité. Ne dites pas le contraire, civils déplumés assis devant vos postes de télévision, dans vos transports en commun voire de luxe qui valent tout sauf de vrais transports justement, ceux de l'esprit, les joies humaines authentiques.
Pourtant, mon cher, quoi de plus absurde que le spectacle d'êtres qui s'entretuent ? J'en veux pour exemple tout ce qui a trait aux passions humaines classiques. Les religions ( qui nous relient à quoi, je me le demande ), ah, les religions : des chrétiens martyrs aux chrétiens tueurs de sorcières, croisés pour le pire, massacreurs d'albigeois avec leur saint en tête, inquisiteurs et acteurs principaux du pire génocide du dernier millénaire. Se tuant entre eux, même, Barthélémy impuissant est là pour nous le dire. Et puis l'Islam qui s'en mêle aidé des médias qui s'empressent de vendre leurs catastrophes, la catastrophe de la fermeture de l'esprit scellé par des dogmes en béton. Folie de l'homme qui rêve en haïssant de toutes ses forces parce qu'il croit que sa souffrance est la seule. Comme les juifs qui achètent la légitimité de leurs actes en pleurant et en haïssant de plus belle, vendant sur le marché des dupes la douleur des hommes, des femmes et des enfants qui, morts, ont peut-être besoin de respect et de silence.
Tout celà, avidité égoïste de l'homme, des races, des peuples. Et qu'on ne me fasse pas marrer avec cette grande blague du «racisme». Ce sont les plus racistes qui l'inventent et qui l'ont aussi dans la gueule. Tout cela parce qu'ils n'ont jamais le courage ni même l'idée de s'ouvrir au monde, nus comme au jour de leur naissance simplement pour regarder, comme un être vivant sans papiers et sans identité, et pour s'imprégner de cet air que tous les organismes vivants respirent de la même façon pour vivre, bon sang !
Voilà. Fi du politiquement correct. Fi de toutes les modes de pensées. Je dois à tous les vivants ce tel quel de ma vue solitaire. Le commun des mortels a au moins une chose en commun, un partage intégral de la douleur et personne n'en a le monopole ou alors, si tu veux, chacun en a le monopole, c'est un peu pareil, non ?
Pas de compromis avec l'absurde, pas de compromis avec les dicteurs de lois et de dogmes, avec les cerveaux cimentés de certitudes et toutes ces attitudes pourries, il faut bien le dire, parce que ce qui gouverne le monde, mon cher, encore bien au dessus du désir et de l'espoir, c'est bien la peur. La peur maîtresse dans l'art du déguisement qui te sourit avec des dents sculptées dans la plus exquise blancheur.
Allez, salut. Je te retrouve un peu plus tard au café des artistes.

dimanche 8 juillet 2007

Changement

Comme toujours, le « changement étant l'essence même des choses », les brumes se dissipent et la lumière apparaît, nue. Telle la femme qui se découvre en épluchant, sensuelle, ses derniers voiles chargés d'effluves et de merveilles inassouvies. Sous la paupière aux cils délicieux, son regard envoie des rayons courbes qui t'enveloppent et tu n'es qu'un oiseau pour le chat, si j'ose dire. Comme il est bon de sentir ces pièges se refermer sur notre impuissance momentanée.
Ceci dit, le ciel est là pour rappeler l'immuable et apaiser mes fantasmes agités. Je dois avouer que cette lumière d'une radieuse matinée de Juillet m'enlace alors que j'écris dans la pénombre de ma mansarde, paradoxe dont je suis friand.
Il est temps de fourbir mes armes avant de partir au combat. J'ai tout le temps du monde mais il presse. Dans mes retrouvailles secrètes sur ce champ de bataille étonnant, les ennemis sont pleins de charme et leur prélassement leur arme la plus puissante. Ils savent comment vaincre cet être instable qui ose brandir, arrogant, les mots profonds qui peut d'un coup les effacer du paysage.
De joyeux duels qui annoncent la paix future ou bien une entrée en contact avec l'imparable.
Je sais que tu te demandes ce que signifient mes bavardages, mais patience, on n'en a pas fini.
Ce n'est qu'un début.

samedi 7 juillet 2007

In the fog

Tout n'est pas si simple, qu'on le veuille ou non. La simplicité est absolue mais n'a rien à voir avec nos vies ordinaires, dites réalistes. C'est bien mon avis donc je le partage avec vous, nobles terriens. En ce moment, vivant une relative et austère solitude entre les murs de ma retraite dorée - en l'occurence une mansarde aménagée sous un toît bruxellois - tout semble accélérer. Je m'aperçois de la valeur énergétique de l'imagination et du fonctionnement mental sauvage des masses tendres que nous appelons cerveau. C'est bien de celà qu'il s'agit, de ce qui se trouve au sommet de nos épaules humaines avec oreilles, yeux et tout le toutim. Bien sûr, je me marre et d'ailleurs passe mon temps à celà ou du moins j'y aspire. Allez savoir... Au sein de cette absurde état que je nomme conscience, faute de trouver mieux, tout m'apparaît si fou que je me sens perdu. Ni les alcools momentanés, ni les distractions de ce siècle n'y peuvent rien. Il est impossible de fuir. Seul, tu dois assumer la complexité du brouillard inhérent à ta nature, cher terrien. Aussi, mû par un brin d'optimisme, au-delà d'une logique surranée aujourd'hui en ce vingt et unième siècle d'une ère tout à fait arbitraire, bien sûr, au-delà d'émotions usées par des temps sans commencement, j'avoue tout. Point n'est besoin d'une torture de plus. Ces tortures ont toutes été utilisées depuis toujours par ces humains dont on ne requiert plus aucun inattendu.
Quoi de nouveau sous le ciel, n'est-ce pas ?
... Donc j'avoue la lumière. Eh oui. Je l'expurge, l'ingurgite et pourtant ne puis longtemps la supporter tellement sa simplicité m'effraie. Dans un sens comme dans l'autre. Celà dépasse tous les cercles vicieux de tous les concepts du monde. Moments de grâce où simplicité rime avec vie, avec souffle, avec instants plus précieux que nos propres prunelles.
Chère bande de nazes, que dire de plus pour ne pas affecter vos patiences et la mienne ?
Rendez-vous dans le libre espace de nos prochaines rencontres.

vendredi 6 juillet 2007

Premiers pas




À la sortie de cette salle obscure mes yeux sont agressés par la lumière. Et pourtant. J'ai vu Le film. Une narration poétique merveilleusement mise en scène, une pièce de théâtre géniale jouée par des êtres totalement inspirés, professionnels de haut vol à la sensibilité exacte. Je me prélasse sur un nuage de rêves tout en dirigeant ce corps dans le dédale des rues et avenues encombrées d'un peuple assoiffé de consommation. Fourmilière pleine de vie - un énorme paradoxe - malgré ce côté rabelaisien à la Panurge, si vous voyez ce que j'essaie grossièrement de suggérer.
Ravi par les images et les sons dont mon esprit est imbibé, je vois la vie toute lumineuse, oubliant pour quelques fugaces instants les lourdeurs dont mon existence se gave, les difficultés égocentriques dont, en expert, j'excite le déploiement quotidien, jalonnant mes jours d'absurdité.
Comme c'est beau cette goulée d'air pur au coeur même d'un monde toxique. Absurde aussi, quelque part, puisqu'il faudra plus ou moins vite retomber dans la médiocrité que je façonne à grand force. Et pourtant. Cette envolée des sens n'est pas passée sans laisser de traces. Je m'y accrocherai, je le sais, comme un pauvre perdu à sa bouée de fortune au milieu des furies océanes.
Point lumineux, mon étoile du soir est rentrée dans ma vie.

jeudi 5 juillet 2007

Continuum

Salut !
Si tous les jours n'accouchent pas d'une note, d'un aphorisme ou d'une blague facile, on peut néanmoins s'estimer satisfait de ce continuum naturel des mots qui ne s'émeuvent ni de la durée ni de l'espace. Ah ! Liberté, enfin, d'exprimer comme le jus d'un citron la moëlle de mes tripes profondes, là ou se dissolvent les canulars égotistes de mes consciences de surface. Eh oui ( et de simuler le ton de Jean Gabin au moment de lancer une tirade modulée par Michel Audiard ), je donne dans l'emphase mais comment faire autrement pour présenter mes délires ( au sens strict ) qui mélangent tous les degrés de la subtilité. Tout cela pour laisser issir le simple et le clair.
Ha Ha Ha, plèbe, masse ou tout ce que vous voulez pour décrire l'imbécile, le vulgaire et le stupide en même temps ( je pèse mes mots, il n'y a pas redite ), voulez-vous pour une fois décrasser vos esgourdes et vos comprenures trop nourries de n'importe quoi?....
Voilà. C'est bien. Nous allons peut-être entamer le voyage sur cette carte du tendre de nos océans intérieurs secrets. Et ce n'est pas une blague.
À tout de suite !

jeudi 7 juin 2007

L'épée pour rien


Salut !
C'est lorsque tout est perdu, qu'il ne reste plus aucune chance devant la masse et le nombre et que l'on est seul, c'est alors seulement que la charge prend toute sa valeur. C'est alors que l'instant, pendant quelques battements de ce coeur encore valide, découvre une dimension immense au mépris de soi-même mais à la grâce d'une indicible et résolue conduite, jusqu'à déchirer un morceau de ciel : un tel don n'est que profonde et chaude fierté.

mercredi 30 mai 2007

R.A.S

Salut !
Rien à signaler dans les cuisines du monde : la confusion et l'ordre habituels, les résultats de nos dégénérescences avec sûrement un très léger brin d'évolution, par ci, par là...Bref, un monde parfait vécu par nous, êtres fictifs. Ha! Ha ! Ha !

mardi 29 mai 2007

Treizième jour

Salut !

La lune se dévoile tranquillement depuis treize jours. Bientôt, en un cercle lumineux, elle apparaîtra nue dans le ciel nocturne. Beauté puissante que les magiciens noirs attendent et que certains fous lucides redoutent...Ha ha ! D'autres encore, rêveurs têtus, se laissent aller dans l'errance et les méandres de l'inconscient. Alors qu'il suffit de s'asseoir, le regard posé sur le souffle ou sur l'instant calme, souriant doucement aux langues sinueuses des pensées qui naissent et se dissolvent au fur et à mesure dans l'espace...Le miroir céleste renvoie les merveilles de la galaxie jusqu'au centre de nos coeurs aux pulsations lentes et régulières... Douce nuit pour la saison.

lundi 28 mai 2007

La prière à l'aube


Une situation dans le temps et dans l'espace : un jeune enfant s'éveille à l'aube... Mois de Juin calme à Tunis, nous sommes en 1956. La lumière du levant pénètre doucement dans la chambre avec le son de l'appel à la prière que le muezzin module avec ce charme indescriptible n'appartenant qu'à la ferveur de l'Islam. C'est un moment de grâce, d'harmonie profonde qu'aucune pensée ne vient troubler. Un jeune roumi se laisse bercer par le chant sans avoir la moindre notion de religion ou de prière. C'est la magie naturelle de l'instant... La ville est encore tranquille... La fenêtre est ouverte sur le ciel méditerranéen comme l'esprit est ouvert sur le monde, à l'écoute de toute chose...