jeudi 25 octobre 2007

Sacha

« Il faut être digne du malheur qui nous frappe sinon nous ne sommes que des victimes et nous ne pouvons en profiter...»......Ou encore :
« Un homme intelligent est moins intelligent que mille imbéciles qui se cotisent pour comprendre »... Cher Sacha, tu nous manques !

dimanche 21 octobre 2007

Straight to the point


Tu es seul sous ton toit avec le ciel bleu par dessus - ah mon cher vieux Paul - et tu as souffert.
Un corps humain, nu et calme, le regard aussi bien en dedans qu'au dehors. Seul. Mais il suffit d'une pensée et l'univers entier est là. Il regorge des joies et des douleurs inhérentes à sa nature de réceptacle de tout ce qui vit... En Irak, au Liban, dans le Grand Nord parmi les morses et les ours sauvages... Maintenant et il y a mille ans... Avec le souvenir immédiat d'une bouche aux contours sensuels et remplie d'amour chaud.. D'une féminité sans identité mais aussi réelle que ton coeur se déployant dans l'invisible, stimulé par cette lumière qui te comble. Le soulagement de la vie miroite ce matin dans le silence de la piaule où tu viens d'oublier ton nom.
C'est l'immensité du voyage suspendu à tes respirations légères qui court dans tes veines comme dans les rues... Jusqu'aux galaxies ni proches ni lointaines puisqu'elles sont là, taquinant le temps qui, lui, a oublié de courir.
Bon sang, quelle beauté!
Tes rêves sont autant des rêves que le monde est réel, il y a de quoi fondre de tendresse et câliner tout ce qui vit même déchiqueté, explosé, hurlant aux vautours... Ces vautours se transformant aussitôt en aigles, en moineaux, en mouettes attrapant au vol les bouchées de pain que tu lances en riant.
Tu sais que tu ne vas nulle part.
Tu attends simplement que les brumes se dissipent pour laisser la place au soleil de ta planète, bleue comme les plus magnifiques océans sur lesquels tu rêves encore souvent de naviguer...
Voilà de nouveau que tu accostes sur ce motu. Laissant là le canot tu t'assieds sur le sable blanc, regardant ton bateau se balancer impavide sur les eaux du lagon... Elle s'approche, la fleur de Tiaré à l'oreille et tu es agréablement surpris de découvrir un pied fin, délicieux, rare en ces contrées...
Tu es encore une fois ennivré par cette soie unique : la peau parfumée des polynésiennes. Même sa voix est soyeuse en roucoulant les «r»...Est-il possible que dure cette perfection ?..
Non, bien sûr, puisque tu es allongé sur ton lit, sous ce toit où la pluie cliquette. Tu reviens de ton rêve...Mais un instant suffit pour y être à nouveau.
Mon cher, tu es complètement réconcilié avec le monde.

lundi 8 octobre 2007

Couac


Tout semblait se tenir mais il n'avait pas vu cet oiseau bizarre dressé sur le tabouret, en attente d'un évènement que nul autre n'aurait pu inventer.
Le bar jouissait des ombres du petit matin, dans cette crasse arrosée d'eau pour mieux écraser les poussières sur le plancher.
Sobre, il ne voulait rien et s'était posé comme le passant regarde une vitrine, assis devant les verres vides et les cadavres de la nuit.
L'oiseau d'un coup d'aile disparut. Que signifiait cet augure ?
Un frisson lui fit comprendre : une ombre encore plus sombre le regardait du fond de cette pièce vivant aux seuls reflets des bouteilles alignées.
Dehors l'océan s'agitait un peu pour mieux lécher la plage.
L'ombre s'avançait découvrant un visage sublime et des pommettes brunes sous un regard que les cils n'osaient interrompre.
Elle était belle, inimaginable, unique comme un coup de couteau. Il se croyait contemplatif, il se trompait. Blasé, le choc fut encore plus violent.
Elle s'assit, la reine de ces lieux déserts, lui toucha la main du bout de ses ongles parfaits. Une telle douceur irradiait de ce contact qu'il n'en respirait plus. Alors, il sut. Et cette découverte insensée ne pouvant être traduite il ne put qu'expirer son dernier râle d'ignorant. Une inspiration plus tard il renaquit au grand jour - ou à la grande nuit d'ailleurs, quelle importance? - sa solitude s'étant magiquement dissoute dans cette féminité impossible. Ses tatouages virils lui couraient sur la peau, derniers vestiges d'une autre vie.
Ils se levèrent après un long moment et sortirent goûter le sable avec leurs pieds ailés. Puis ils disparurent dans la beauté des nuages.