lundi 10 mars 2008

La goutte d'océan


Tirée de la surface d'une mer chaude
Une goutte est-elle différente de l'immensité de son origine ?
Bien sûr unique elle s'évapore aussitôt pour rejoindre les nuages et le cycle continue...
Moi, corps et âme et consciences je me promène en rasant les murs de cette ville aujourd'hui embuée de grisaille, dans ce décor respirant parfois l'ennui, en quête d'une île tropicale perdue dans un océan. Soudain, apparaissant par magie, un pub irlandais débouche du coin de la rue. Moi ou lui peu importe c'est bien entendu l'évidence du débouchage qui nous rend proches, le pub et moi...Vous avez compris.
Un peu de fumée à l'intérieur, des gorges chaudes à l'accent des îles du peuple Angle, quelques litres de Guinness qui passent d'une barrique en dur à d'autres barriques plus souples et je m'assied en contemplant du coin de l'oeil une jeune beauté blond-châtain qui circule entre les tables un plat ou un verre à la main.
Un grand écran diffuse, comme par hasard, le match de rugby Italie-France, comptant pour le tournoi annuel des six nations.
L'oeil au charme céleste de la serveuse se pose sur ma ventripotence puis scotche son regard au mien, la question au bord de ses lèvres. Je les aurais bien touchées des miennes si l'usage nous avait permis ces impulsions barbares.
Je me contentai donc de lui commander un Paddy's irlandais du meilleur crû accompagné d'un panini bacon et Brie.
Comme celà repose la vue de regarder virevolter une fille au minois harmonieux et aux formes grâcieuses !
Le match commençait bien et en force avec deux fois quinze taureaux maculés de boue se rentrant dans le chou sans aucune vergogne.
La première gorgée de nectar irlandais réchauffa mon oesophage comme une caresse. Comment ne pas se remémorer alors l'océan immense dont nous étions tous tirés. Les vapeurs chatouillantes du whisky parcouraient rapidement mes veines et dilataient déjà les vaisseaux fantômes de ma cervelle.
L'idée curieuse qui me sauta alors à l'esprit fut que l'empathie est naturelle pour les êtres vivants. Cela n'a rien de sentimental. Encore que...Le sentiment fait sûrement partie de ladite. Mais tous issus d'un soi-disant «big-bang», nous sommes une famille très serrée, très unie.
Bien sûr, crois-je, il y a plus vaste que cette vision des choses même si elle n'est déjà pas mal pour vivre ensemble sans se taper dessus les uns les autres autrement qu'à la manière virile et sympathique de ces joueurs puissants comme des buffles.
Voilà. Une ville grise, un pub vivant, une boisson spirituelle, une jolie serveuse et le gars moi-même pour un cocktail de bon augure...


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nous étions 140 et nous sommes aujourd'hui des milliards. Reste un fond de verre, une sorte de lie qui nous lit et qu'on lit (sans forcément aller jusqu'au lit de Lilli), une sorte de vague sensation de vieil acteur, surtout quand l'eau de feu envahit nos veines et trouve son chemin de conscience dans l'aberration des constructions mentales. Et toujours dans la grotte, quand l'odeur ventrale domine et invite au voyage intérieur.