lundi 17 septembre 2007

Payer pour donner, gratuité des tranquilles et des marrants


« La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! » faisait dire Jean-Baptiste à l'un des personnages de sa pièce. Ouais. Le problème c'est que cela s'applique, en toute vraisemblance, à la race bipède en général, c'est à dire nous.
Notre manière d'appréhender l'existence, cette soif, ces peurs, cette absence d'une capacité de librement donner - sauf exceptions qui confirment la règle, comme d'habitude - voilà les maladies mentales régnant en maîtresses sur nos courtes existences. À force de vouloir absolument tester tous les régimes ( ça, c'est à prendre aux premier, deuxième et troisième degrés comme tu t'en doutes ), on oublie de mordre dans la vie et de se repaître de la générosité que la nature toute entière nous offre sur un plateau. Comment veux-tu donner quoi que ce soit d'ailleurs, si tu n'es qu'un sinistre ascète morfondu dans ses macérations. Comme l'a dit l'amérindien Black Elk ( ceci fut rapporté par l'excellent Jim Harrison dans son magnifique récit « Aventures d'un gourmand vagabond » ) :
« Le pouvoir de l'univers oeuvre toujours en cercles, si bien que tout le monde
essaye d'être rond. »
Voilà. Au moins la rondeur évite-t-elle les blessures causées par nos attitudes parfois bien anguleuses.
Tout est dans la soif.
Et la faim par voie de conséquence.
Ce n'est qu'une question de technique alliée à un état d'esprit bien précis.
Comme à notre première respiration d'ex-noyé dans les chaleurs humides du ventre maternel, il a d'abord fallu prendre. Avaler goulûment. Bon.
C'est seulement par la suite que les choses se gâtent. Modes, drôles d'éducations religieuses, transmissions génétiques frelatées et autres nombreux facteurs
sociaux font de nous des espèces de robots sans âme et surtout sans la moindre capacité de prendre une décision digne de ce nom.
Je ne parle pas bien sûr du fait de choisir le métier de menuisiser ou de décider de parier sur tel cheval au prochain tiercé. Il s'agit de décisions à la fois plus légères et plus mûres. Ce qui paraît totalement contradictoire, j'en conviens.
C'est une question d'approche.
Une approche de cet art de vivre sa vie qui nous fait souvent défaut, chacun à notre manière, bien sûr : nous sommes tous des cas uniques.
Par exemple, lors d'une fête familiale, découvrir, grâce à une présence pleine et entière, que la tête de veau sauce gribiche est un véritable délice pour notre palais, surtout si elle est accompagnée d'un délicat Sancerre. Cela n'a rien d'extraordinaire mais implique suffisamment de participation à l'état d'être vivant pour être noté. C'est la base même de l'approche de ou des décicions que nous pourrions prendre dans notre vie : quelque chose de parfaitement conscient, par goût, par aspiration de coeur... Avec une claire volonté dans tous les cas. Même si rien n'est formulé dans nos méandres mentaux. C'est en nous. C'est ça et rien d'autre, simplement.
Voilà déjà un bon début pour arpenter les trottoirs de nos vies en sachant plus ou moins reconnaître notre chemin et le cap que l'on suit.
À partir de cette attitude, tout est possible même l'inénarrable. C'est ce dont je suis heureux d'être convaincu pour moi-même.
Pas de projections dans le futur, ni futiles, ni ambitieuses puisque le cours de nos vies trace sa route comme le fleuve qui va se jeter, plein d'ardeur, dans l'océan.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout ça me donne faim et soif. Il ne manque plus qu'une poulette à portée, pas trop farouche, avec évidemment cette rondeur cycliste du jouir.