lundi 10 septembre 2007

L'abattage des cartes



Imagine un lundi pluvieux, ambiance lourdingue dans les rues et sur les visages avec en prime ta propre déprime. Tu auras le tableau flamand rempli de voiles gris qui dépeint la tristesse de ton sentiment d'absurde et d'inutile. De ta propre insuffisance, de tes ratages s'amenant en masse pour grincer dans ton mental déjà grippé, rouillé, maculé de cambouis. Les cartes sont tombées. Sur la table de ce qui te reste d'honnêteté, disons de lucidité. Et quelque part, tu t'en fous quand même, parce que tu as fait ce que tu as pu. Humilité ou fier orgueil n'ont même plus de sens, on est trop nombreux sur cette planète à souffrir, à jouir ou à n'importe quoi. Tu vois tes proches comme dans un rêve et le seul esquif auquel tu t'accroches, par réflexe ou par éducation, c'est le quotidien de tes actes, de tes petites obligations. Parfois tu bois, tu fumes, tu t'abrutis rien que pour essayer d'atteindre un hypothétique silence de bien être. Illusion et tu le sais parfaitement. C'est maintenant, face à la durée, alors que ton coeur profond essuie une attaque d'artillerie permanente autant que vicelarde, que tu ne mesures plus rien en attendant ta propre disparition. Pas de désespoir, pas trop d'espoir non plus d'ailleurs, mis à part des petits trucs au ras des pâquerettes, et toujours cette sensibilité innée à la beauté, à la bonté , à l'amour qui apparaîssent parfois, rarement, dans un regard.
Et puis ton rire, cette capacité à dénicher n'importe où le comique d'une situation ou d'un con, ou d'une conne, parce que ça existe dans ton monde même s'il est frelaté.
Comme tu vois il te reste encore de l'orgueil, du mépris et tu n'es pas tout à fait mort.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui, de vrais cannibales avec toute l'élégance de ce propos d'amour.