samedi 19 janvier 2008

mordre au travers


Machette, coupe-coupe, tringle du regard, pas d'états d'âme sur cette voie dangereuse où le chemin se trace à la force des tripes et à l'aisance du rasoir, sans dommages collatéraux. L'urgence enfouie sous les couches de conscience transpire par bribes. Confusions des attaques nombreuses, rire sardonique issu de nulle part, dépôt de bilan, abrutissement: tout égare.
Sur les bords de la Boutonne aux eaux glacées de Janvier, sinueuse entre ces verdures charentaises toutes de charme vêtues, il respire par saccades, mendiant du regard un appui voire une ombre. Seule aide, cette faim qui le tenaille, ce désir d'un repas noble et bien arrosé face aux chais du port de Saint-Jean. Plus rien n'est compréhensible, entre les naissances et les morts accumulées, la morale, la vie sociale, les buts absurdes ou les cibles mouvantes de son esprit dissolu.....
Seuls le souffle, la crampe de l'estomac, le rêve d'un ultime repas au son glorieux des verres qui trinquent le maintiennent en vie.
Bon, après tout n'est-il pas préférable de s'asseoir afin d'examiner la situation....
Tandis qu'un rire silencieux le secoue, dernière résurgence d'un système nerveux en état de marche, il voit s'approcher ce vieil homme à la casquette fanée et à la braguette pendante....Qui s'arrête, le regard candide, et d'un geste prononce l'invitation à se lever pour rejoindre cette table dressée comme par magie sous ce chêne un peu plus loin. Mais oui, bien sûr, allons-y cher vieux bonhomme.
Là, merveille: flacons aux nuances rouge sombre, plats débordants de venaisons, poissons décorés de leur herbes parfumées, olives vertes et noires, huiles, sauces, petits pains chauds, salades aux accents colorés, beurre ambré au sel des Charentes heureuses et mille plaisirs encore...
Il se dit, pour finir, que la vie est belle. Mieux vaut la prendre comme une femme offerte, sans façons mais avec élégance...
Il se leva et suivit son amphitryon, cet ambassadeur de l'hospitalité d'un pays vert et plus galant encore

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui, cette histoire d'un homme qui tringle l'univers, la braguette ouverte et un parapluie à la main : au moins cette sorte d'andouille qui bande comme si la vie était un rire à projeter à la face de tous ceux qu'on aime...les femmes, certes, qui font du sperme leur religion. Mais plus encore la compassion, sortie de la boîte à malice, diable (trouvaille de la religion)qui innocente ceux dont le désir est pur, autrement dit sans calcul. Parfois la pluie qui précède le bleu du ciel et qui donne envie de manger un bon pot-au-feu dont la japonaiserie trouve l'humour qu'il faut entre viscères et conscience. De quoi ? dira-t-on. De...